Editorial : Avant le XVII. Congrès

Si elle n’avait pas été attendue, l’avancée de l’inflation en août aurait fait l’effet d’un coup de tonnerre : +6,5%, record des 11 dernières années ! La raison principale, selon des économistes, tels Zhao Xijun, Professeur à l’université Renda ou J. Anderson, de l’UBS, est la pénurie en produits alimentaires dont les prix ont monté de 18% (49% pour la viande), contre 0,9% aux autres secteurs. Le problème ne viendrait donc pas d’un excès de masse monétaire, et ne traduirait pas une surchauffe !

En même temps, l’excédent commercial a fusé de 33%, à 25MM$, dont 15MM$ aux seuls USA. Pour autant, le Conseil d’Etat ne semble pas trop s’inquiéter, sauf sous l’angle des retombées pour les franges les plus vulnérables de la société. Pour pallier la pénurie du secteur porcin (qui produit cette année  10% de moins, frappé par la « maladie des oreilles bleues » et par le coût excessif du fourrage), la Chine a commandé 160.000t de cette viande, livraisons étalées sur 12 mois. C’est le sextuple des imports de 2006… Puis le 14/09, la Banque centrale réajustait—pour la 5ème fois depuis janvier- son taux d’intérêt, de 7,02 à 7,29%, histoire de combattre la fièvre inflationniste.

Le même jour, les USA imposaient des droits compensatoires de 23 à 99% sur le papier glacé chinois, provoquant une contre-attaque indignée auprès de l’OMC (lorganisation mondiale du commerce). Une rumeur pourtant, aurait pu rasséréner Washington : celle d’une remontée accélérée du yuan face au dollar, à 5% dans l’année au lieu de 4% : sous 30 jours, les experts le voient passer sous le seuil des 7,5¥/1US$.

La Chine est plus nerveuse à propos de Taiwan: d’ici les Jeux Olympiques, et la fin de son mandat, l’imprédictible Président indépendantiste Chen Shui-bian pourrait vouloir tenter l’impossible, voire l’irréparable. Il préparait déjà un referendum pour janvier, sur un ravalement de la Constitution. Il en annonce un autre en mars, pour une entrée de l’île à l’ONU sous le nom de Taiwan… cultivant ainsi l’art de mettre Pékin sur le grill. Mais chaque rivage a à perdre dans cette affaire: si Chen saute le pas, la Chine ne pourra que réagir militairement, avec des conséquences économiques et politiques inimaginables, et qui en tout cas, feraient perdre à Pékin le fruit de ses années d’efforts pour changer d’image à Taiwan… Pour l’heure, la Chine choisit de garder profil bas et de tenter de faire contenir l’île par ses alliés, US en tête. Ces derniers maintiennent le statu quo : ils découragent officiellement Taiwan (discours de Th. Christensen, vice Secrétaire d’Etat à la défense, 11/9) d’aller à l’indépendance, mais relancent le vieux projet de vente à l’île de 2,2MM$ d’armes de 2de main, et tiennent avec les officiels taiwanais une conférence de défense (Arlington, 9-11/9)…

Enfin, d’intenses palabres ont eu lieu entre instances chinoises de la santé/qualité des produits (ministre Li Changjiang), de l’Union Européenne (commissaire M. Kiprianou) et des USA (CPSC) : Pékin s’engage à bannir la peinture au plomb sur les jouets destinés aux US (et sans doute aux autres pays riches), et à réviser sa procédure complète de contrôle alimentaire. Mais Bruxelles, qui en a vu d’autres, entend juger Pékin; avant tout,  sur ses actes !

 

 

 

 

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