Depuis les années ’90, l’Occident courtise la Chine, étouffant ses critiques démocratiques. Mais en ’06, le balancier a oscillé dans l’autre sens, au Canada et en Allemagne, dont les nouveaux gouvernements réaffirment les droits de l’homme. Six mois plus tard, voyons comment cette fronde évolue !
[1] Dépêchant à Pékin (14-19/1) deux ministres-clés (David Emerson, Commerce International, et Jim Flaherty, Finances) Ottawa ne cache pas l’espoir d’« enrayer la tension » -de normaliser. Face à son opinion, le cabinet Harper a du mal à justifier les pertes sur le marché chinois : +2,3% d’échanges en 2006, face aux +40% engrangés par le rival australien, en fournitures minières et d’énergie. Profitant de l’embellie, on signe des accords: un traité de coopération en sciences et technologies, doté de 5,25MCan$ (assorti d’un accord de protection des inves-tissements), une déclaration d’intention pour renforcer la façade pacifique canadienne comme Corridor, ou porte de la Chine en Amérique du Nord.
NB : à Pékin, M. Emerson relance la question des droits de la personne : on ne sacrifie ni droits de l’homme, ni business. Tentative d’équilibre des valeurs.
[2] Troisième commerce mondial et puissance politique qui monte tranquillement, l’Allemagne utilise sa 12ème présidence de l’Union Européenne (du 1/01 au 30/05) pour marteler à Pékin son double message. Elle dénonce la discrimination des firmes européennes au profit des chinoises – une liste de griefs, une campagne sont imminentes.
« Une firme étrangère qui suit toutes les lois d’un pays, devient locale » rappelle Volker Stanzel, l’ambassadeur, « et doit être traitée au pied d’égalité ». Berlin veut aussi négocier le nouveau partenariat sino-européen, ample pacte qui gérera les affaires communes durant 20 ans, avec influence bénéfique pour la planète. D’abord, il s’agit d’amener la Chine à promettre, en même temps que l’Europe, une coupe de ses émissions de gaz à effets de serre (30% d’ici 2020 pour l’Union Européenne). La commissaire de l’Union Européenne Benita Ferrero-Waldner était d’ailleurs dans les murs (17/01) pour donner le coup d’envoi à ces palabres complexes.
NB : habilement, Berlin s’est préparée avec Finlande, Portugal et Slovénie, les présidences tournantes d’avant et après son mandat de six mois, pour verrouiller une stratégie unique durant deux ans : latence minimale pour faire entendre à la Chine le message de l’Union, son 1er client (320MM$ d’échanges en 2006).
Sommaire N° 3