A la loupe : Les blés courbent l’épi

Pour les 180M de Chinois courbés sur leurs rizières, l’été fut néfaste : le climat extrême, les pestes et les insectes ont alourdi les pertes : 11M d’ha en sécheresse (2,14M ha de plus que la moyenne récente), et 9,7M ha en crues.

La récolte d’automne qui compte pour 70% de celle de l’année, sera mauvaise. Les 147Mt de maïs prévus, sont réduits à 125Mt -soit 22Mt de perte— 2 récoltes argentines de blé…

Pas d’inquiétude à avoir : la Chine garde le stock le plus fort du monde, estimé en 2001 à 230Mt (toutes céréales). Elle pourra donc puiser sur ses réserves. Mais depuis 1999, confrontée à une série d’années de « vaches maigres », elle recourt chaque année à cet expédient. Résultat : dès 2004, 60% des réserves étaient envolées (il restait 100Mt). Le déstockage a certes d’autres raisons : améliorer sa qualité, tenir l’engagement à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) d’accepter plus de commandes étrangères. Ou encore, développer la demande en céréales pour le biocarburant, nouveau débouché…

Cependant, la médiocre récolte d’automne repose la question de l’autosuffisance, dogme stratégique : est-elle viable? Deux voies d’avenir sont possibles : un import plus fort, et l’arrivée de nouvelles technologies. De toute évidence, on va assister aux deux. Le high tech, signifie d’abord l’étranger, vu que la recherche locale en OGM, quoique avancée, n’est pas prête à aboutir à une autorisation à court terme.

Justement, un mariage se prépare entre Limagrain, le n°1 européen de la semence, et Longping, de Changsha (Hunan, 180M² de ventes/an), 1er producteur/marchand de semence de riz hybride, de piment, voire maïs et coton. Pour 45M², Limagrain prend 45% du contrôle du groupe méridional coté en bourse de Shenzhen, et bat sur le fil pour ce contrat, Dupont-Pioneer, le n°2 mondial (USA). Le Français  pourra ainsi vendre localement ses semences, via le réseau commercial du partenaire, ce qui le fera « changer d’échelle ». Tandis que grâce à l’expérience mondiale de Limagrain, Longping pourra se faire les dents sur les marchés asiatiques, du Proche et du Moyen-Orient.

C’est ainsi, par ce type d’alliances, que l’agriculture chinoise prend sa place dans celle du monde, tout en se dotant d’outils pour résister à un environnement moins faste !

 

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