ACER/LENOVO — la chevauchée fantastique
Même si leurs «boards» ont approuvé le deal, on n’est pas encore tout à fait sûr qu’Acer (Taiwan) rachète d’ici décembre. pour 710M$ Gateway (n°3 US), tel qu’annoncé le 27/08.
C’est que pour Acer, reprendre ce groupe, serait du même coup souffler Packard-Bell, la filiale hollandaise de Gateway, à Lenovo qui la guignait, et s’assurer le 3ème rang mondial avec un revenu de 15MM$ et une production de 20M d’ordinateurs par an. Entre les deux groupes chinois, force est de constater que l’insulaire progresse bien plus vite que le continental avec, au 2d trimestre, des livraisons de 4,26M de PC, soit +54%. Une avance qui résulte du passé.
Entre sa filiale IBM et sa chaîne pékinoise, Lenovo garde un écart de qualité et maîtrise moins bien qu’Acer, design, branding et intégration des pièces. Il a un problème de stratégie—comment imposer ses produits hors de ses frontières, de son marché captif. Entre ces deux-là, c’est aussi un peu le bras de fer Chine-Taiwan qui se reproduit. C’est surtout, l’aventure de jeunes Goliath, hier bas de gamme travaillant à façon pour l’Occident, qui escaladent aujourd’hui à toute vitesse l’échelle mondiale de la valeur.
L’aviation chinoise en quête de tapis volant
L’entrée de Singapour International Airlines (SIA) dans China Eastern (MU) vient d’être approuvée : 930M$ pour 24% de MU, dont 16% au transporteur et 8% à Temasek, le bras commercial de la cité-Etat.
Or, Air China (AC) qui avait tenté de bloquer l’opération par une contre-offre sur 10% de China Eastern, se dit tentée par un rachat de China Southern (CS), par la voix de son Président Cai Jianjiang. A notre sens, ces deux mouvements résument l’incertitude d’un secteur en quête de consolidation. Proche du pouvoir, le vent en poupe (150M² de profits au 1er semestre, +240%), Air China se sent l’âme à assister l’une ou l’autre de ses soeurs MU et CS, qui vont mal. La 1ère, car son fief est Shanghai, ville en disgrâce politique (l’effet Chen Liangyu, qui s’éternise : cet ex-Secrétaire du Parti local est expulsé semaine passée du PCC). Le second, car Canton sa ville, est un «désert aérien», au marché aspiré par Hong Kong…
En théorie, l’alliance Chine Eastern/SIA pourrait susciter des synergies, voire une fusion à long terme… Mais après plus d’un an, l’autre alliance entre Air China et Cathay Pacific de HK, possession croisée de 17,5% du capital, n’a porté aucun fruit : faute de liberté d’entreprise, voire de tradition d’audace gestionnaire. Aussi cette tentation d’Air China de reconstituer un ptérodactyle, 20 ans après l’avoir scindé, décontenance, jusque dans ses propres rangs : dès le lendemain, M. Cai se ravise, précise que son désir… n’est pas pour tout de suite : décidément, pour remettre à plat les ailes chinoises, pas de formule magique à l’horizon !
NB : l’autre technique, pour mener les transporteurs chinois à leur taille adulte, est l’endettement : Shanghai Airline commande 5 Airbus A321 pour 370M$, et Xiamen Airlines bloque 25 Boeing B737-800, pour 1,9MM$, discount non compris.
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