Heureuse bourse chinoise, qui reste zen face aux désarrois de ses soeurs étrangères plongées dans leur crise du subprime (technique boursière douteuse, de recyclage de prêts hypothécaires faillis)… Au pire de la tempête, mi-août, elle perdait 4,5%, pour rebondir le 20/08 à +5,33%, et passer le 23, la barre des 5.000 points, 74% de plus qu’au 1er janvier 2007.
C’est le reflet d’une économie aveugle, vivant d’exports énormes – 1231MM$ cette année, dépassant les USA, mais à sens unique, recevant l’argent sans le réexporter. La hausse du PIB a encore frôlé les 12% au 2d trimestre, record de 10 ans, l’investissement d’infrastructures a monté de 26,6% (24,6MM$) en juillet, et l’excédent commercial, de 67% à 24,4MM$… Face à tels chiffres, il faut plus que les 20MM$ de placements en « subprime américains » admis par les quatre grandes banques publiques, pour décourager les agioteurs!
Bien sûr, de tels circuits monétaire, industriel et commercial, ne sont pas durables. Aussi le temps est-il mûr, pour l’autorité bancaire, de favoriser la sortie de ses devises :
1. au 20/8, le citoyen peut aller en bourse étrangère sans plafond via la nouvelle place financière de Binhai (Tianjin),
2. le 21/08, s’ouvre l’échange interbancaire du ¥ en devises, c’est la libre convertibilité, réservée aux banques agréées.
Cependant, l’inflation gronde, +5,6% en juillet, son pic depuis 10 ans, portée par la flambée du panier de la ménagère (+15,6%) et de l’immobilier (+7,1% en juin). Dans l’alimentaire, c’est le porc qui se fait le plus cher (+86%, cf rubrique politique). Autre produit incriminé : les pâtes jusqu’à +40%, phénomène certes mondial (climatique), mais qui selon la NDRC (National Development and Reform Commission) serait aussi dû au cartel des trois principaux producteurs chinois de pâtes. Face à cette inflation, la Banque centrale prend la 3ème mesure de la semaine (21/08) : la hausse des taux d’intérêt du prêt à un an (à 7,02%/an) et du dépôt (à 3,6%). C’est la 4ème depuis janvier.
Pékin veut pénaliser l’investissement, rafraîchir la bourse, apaiser l’inflation. A la veille du XVII. Congrès, elle veut paraître avoir agi pour alléger les coûts du citadin modeste, aujourd’hui obligé de dépenser 1/3 de son salaire pour nourrir les siens. Mais comme les trois dernières hausses, cette mesure ne semble pas devoir changer le cours des choses : le swap inter banques et la levée de la frontière boursière vers l’extérieur sont de véritables tournants !
Sommaire N° 27