Petit Peuple : Shenzhen, la cocotte qui veut la vertu

Magnifique brin de fille cantonaise, Xiang Mengfei détient à 28 ans le privilège douteux d’être la cocotte (ernai,  二奶) la plus célèbre de Chine, bien qu’au chômage et quoiqu’elle ait toujours rêvé de résister à l’empire des hommes.

Ruinant le rêve de ses parents (pauvres), d’un mariage riche, Mengfei voulut travailler. Faute de diplôme, elle ne parvint en 2003 qu’à un emploi d’ouvrière, de caissière en 2005. Jusqu’à cette fête pour célibataires en janvier 2006 où elle rencontra un coureur, bien de sa personne et de sa bourse, pour qui elle craqua dans la nuit.

Découvrant quelques semaines après, qu’il cachait une épouse à Hong Kong, elle tenta bien de le plaquer. Mais A-Sheng (tel était le nom du prince  charmant) sortit alors le grand jeu : un appart grand luxe, 120m² (loué), une Audi C4 qu’elle aurait en son absence : à de telles arguments, elle ne put que se rendre.

Bientôt, un cuisant échange de SMS à travers la frontière, lui décilla les yeux : A-Sheng payait, mais entendait aussi protéger bec et ongles son nid d’amour sur le rocher.

La voie du mariage étant fermée, elle réfléchit à un plan qui lui assure doublement ses arrières, pour lier le traître, et s’en venger si nécessaire : elle publia sur la toile des papiers d’un érotisme glauque, sous des titres scandaleux tels «seule votre semence m’intéresse ! » Le succès fut immédiat, dévastateur  – 100.000 clics/jour, dont peu d’origine féminine. Non contente de ce 1er succès, Mengfei recruta un paparazzo qui l’exhiba sous des angles, où le fard l’emportait sur la nippe: à grands coups de gongs, la célébrité vint alors cogner à son huis, une pub TV locale, une interview à Shenzhen dans un magazine pour hommes.

Jusqu’alors, A-Sheng, opportuniste et n’ayant pas visité le site, était fier de voir sa poule sous les feux de la rampe, et de bien faire savoir qu’il ne dormait pas avec n’importe qui. Il lui manifesta son contentement en l’honorant de plus de présence, en en délaissant des semaines sa légitime. 

Mais ce bonheur la poussa à l’erreur. Le 22 novembre, à la TV de Tianjin, dans une émission-phare, elle s’enhardit à révéler sa vraie identité, puis un peu plus tard, à se montrer nue sur le blog, posant sur le capot de leur voiture : angoissé d’être dénoncé par la plaque, il la plaqua dans les 24 heures! A peine le pleutre décampé, une queue de prétendants se forma à sa porte : elle les repoussa tous -même cet industriel Taiwanais qui offrait 30.000²/an plus une Buick : il frisa l’apoplexie, qu’une grue ose rejeter l’honneur qu’il lui faisait.

Depuis, notre belle se lamente un peu, pour la forme, d’avoir voulu le beurre et l’argent du beurre,« à la fois se vendre, et garder son image de veuve vertueuse»(既要做婊子,又要立牌坊,ji yao zuo biao zi, you yao li pai fang).

Mais sur le fond, elle réfléchit à son vieux dilemne : veut-elle atteindre la fortune en vendant son corps, ou bien la notoriété en faisant parler d’elle ?

 

 

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