Temps fort : JO— compte à rebours à l’ombre

Le 8 août 2007, une fête somptuaire était donnée à Pékin à 10.000 invités triés sur le volet, pour marquer le « jour J -365 » des Jeux Olympiques.

Trois heures de danse de masse, feux d’artifice, jeux de laser, aux sons des discours de Wu Bangguo (Président de l’ANP – le Parlement chinois) et de Jacques Rogge (celui du CIO – le Comité international Olympique ). Sur le « Green (village) olympique » et les autres sites, les préparatifs sont quasi prêts, beaucoup trop tôt, aux équipements importés, déjà testés en des matches locaux.

Un grand effort est fait dans les bonnes manières : 400.000 volontaires sont formés (en anglais!), dont des brigades traquent le cracheur ou le resquilleur de files d’attentes. Effort plus grand encore dans la sécurité, avec 200.000 policiers d’élite suréquipés, des centaines de milliers de caméras à reconnaissance faciale, pour détecter le dissident ou suspect ouighour ou tibétain. La Chine se prépare aux détournements d’avions, alors que son trafic aura augmenté de 50%. Elle redoute aussi les actions «droits de l’homme», locales ou venues d’ailleurs : déjà  Reporters sans Frontières a pu tenir (6/08) une conférence de presse clandestine, et six activistes pro-Tibet ont déployé sur la Grande Muraille une banderole contestatrice (« un monde, un rêve, un Tibet libre »), avant d’être tous expulsés.

Au plan olympique, la Chine n’a qu’un souci : la pollution au « jour J », sa compatibilité avec l’effort des 10.500 athlètes. Pékin aspire à dépasser les USA au compteur des médailles d’or, mais faute d’air pur, les experts doutent fort de la possibilité de battre des records, dans les épreuves de plein air. Les 17-20/08,  le test de réduction du trafic urbain, par alternance de plaques pair et impair, n’a pas convaincu. Même si la discipline fut impressionnante (1,3M des 3M d’autos au garage, un trafic merveilleusement fluide), la mairie est bien la seule à croire à un succès, avec un « taux de pollution n°2 sur 5 ».

Second au tour de France 2007, l’australien Cadel Evans, dans une course le 19/08, a souffert. Le laboratoire Argonne (USA) explique: selon les vents, 50 à 70% des particules dans l’air pékinois, viennent des provinces voisines, Hebei surtout. « Même s’ils supprimaient tout trafic et toutes usines », dit Evans, « je doute que ça suffise »…

Rogge a déjà averti Pékin : du fait de la pollution, certaines épreuves d’endurance (cyclisme, athlétisme) pourraient être « reportées ». En écho, le Dr Michal Krzyzanowski, expert auprès de l’OMS – l’organisation mondiale de la santé, déconseille aux malades cardiaques de se rendre à Pékin, à toutes fins utiles.

Et c’est ainsi que le contre la montre pour des Jeux « verts », que Pékin avait promis au monde en 2001, entame sa dernière ligne droite sous un ciel chargé !

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire