A la loupe : Hu Jintao, lutte de pouvoir et discours programme

C’est une tradition : la ligne idéologique du futur Congrès, est dévoilée en primeur devant l’Ecole centrale du Parti, par le Secrétaire Général. Jiang Zemin l’avait fait en mai 2002. A quatre mois du XVII. Congrès, Hu Jintao se prête à son tour à l’exercice (25/06). Face à 198 espoirs de la nomenklatura, il présente ses thèses en chemise et sans cravate : la symbolique vestimentaire compte toujours, en politique chinoise.

Côté conceptuel, nul renouveau. Hu réaffirme les deux thèmes de son mandat :

[1] la « société harmonieuse », c’est à dire une réduction des écarts de richesse, un effort d’investissements contre la pauvreté rurale, et la lutte anti-corruption, « tâche longue et ardue ».Quelques jours avant, Hu n’a pas hésité à dévoiler l’affaire des esclaves des fours à briques du Shanxi (cf VdlC n°23). Le secrétaire de la province a été obligé à ce rare exercice d’excuses publiques, sans préjudice d’autres suites judiciaires ou internes au Parti…

[2] le « développement scientifique », soit l’économie durable, la lutte anti-pollution et contre le gâchis industriel.

Ces concepts bien rodés sont bien sûr le socle du second mandat de Hu Jintao (2007-2012), destinés à dégonfler la colère à travers l’empire : l’air irrespirable des villes, leur trafic congestionné, les carences en santé, en formation, en assurance sociale. A la différence de Jiang Zemin, sous lequel le pays connaissait une croissance vive mais moins chaotique, en milieu de cycle, libre des excès actuels, Hu n’a d’autre choix que de prendre en compte l’opinion, et à bras le corps les dérives. A ce détail près, le projet reste le même—le seul possible, pour un n°1 du Parti communiste: le maintien sans faiblesse du leadership sous une «direction politique correcte ». Quand viendra la démocratie, « à long terme », celle-ci sera « socialiste », et « l’expansion de la participation politique des citoyens » se fera « dans l’ordre ». La survie du Parti (70M de membres) en dépend.

Ce discours comporte un air de lutte de pouvoir. Les deux mots d’ordre de Hu sont fondus en une seule priorité, puis rajoutés à trois autres (« réforme », « ouverture d’esprit », « aisance moyenne d’ici 2020 »), pour former quatre « directions ». La référence est claire : aux quatre « points cardinaux » de Deng et aux «trois représentativités » de Jiang, slogan que ce dernier avait réussi à inscrire à la Constitution, se hissant ainsi à un pinacle jusqu’alors occupé par Mao et Deng. Hu semble vouloir les rejoindre.

Dernier préparatif au XVII. Congrès : le 28/06, commença le conclave ultrasecret de Beidaihe, destiné à peaufiner les slogans du meeting quinquennal et désigner le successeur de Hu après 2012. Parmi les candidats : Li Keqiang, chef du Liaoning, He Guoqiang, directeur de l’organisation du Bureau politique, Li Yuanchao, secrétaire du Jiangsu, et Bo Xilai, l’actuel ministre du commerce.

 

 

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