Le prix de la viande de porc s’est envolé de 29% en mai sur les étals, et 73% sur pied : la ménagère refuse d’acheter, marchands et cadres angoissent ! La Chine a perdu l’habitude de ce genre de pénurie alimentaire, spectre du passé. Et le porc (dont c’est d’ailleurs l’année du signe, aggravant la force de la crise dans les esprits), est le met préféré ici, dont chacun mangeait jusqu’alors 400 grammes par semaine !
1ere cause : le mal des oreilles bleues, identifié en 1987, qui aurait décimé l’an passé « 18.000 » têtes -plus vraisemblablement des M. Apeurés par ce syndrome, de nombreux fermiers ont pré-féré miser sur un autre élevage, réduisant ainsi l’offre.
Mais à cette cause circonstancielle, vient s’en ajouter une de fond : le maïs, premier aliment du bétail, va toujours plus vers l’éthanol, le pétrole vert. 4 groupes se partagent ce gâteau de 2,8Mt /an, dont China Agri-Industry, de Hong Kong, aux usines étalées sur 7 provinces. La Chine en est déjà 3ème fabriquant mondial, et veut mettre d’ici 2010, 25% de bio pétrole dans ses moteurs. Malgré les cris d’alarme de longue date des agronomes. Et voilà que la machine s’enraie : d’urgence, Pékin prohibe la distillation d’éthanol de grain : les quatre géants devront passer à la cassave, au sorgho, à la patate douce, à la cellulose.
L’Etat tente d’éradiquer l’épidémie, déployée sur 22 provinces. Il vient de commander 413t de vaccins. Il vient aussi de donner au cochon la priorité dans les trains de fret, et s’apprête, pour casser les prix, à vider sur les marchés ses réserves de porc.
Ainsi, l’Etat espère voir le cours porcin redescendre… Rien n’ est moins sûr, pourtant, craignent les experts. Cette surchauffe annoncerait en fait un envol mondial des cours, dicté par la Chi-ne, et pas seulement de ceux du porc : sur les étals chinois, en mai, tous les produits (oeufs, lait…) ont suivi l’envolée, induisant + 8,3% de hausse générale au panier de la ménagère et +3,4% d’inflation : record en 27 mois, qui rend inévitable une prochaine (nouvelle) hausse du taux d’intérêt .
Un aspect du problème, selon British Petroleum, tient au fait que le monde en 2006, a augmenté sa consommation d’énergie de 2,4%, mais la Chine de 8,4%. Or, le paysan ne peut pas tout faire, nourrir son pays, exporter, produire de l’énergie…
NB : si l’on ajoute l‘autre problème de la sécurité des aliments chinois, on conclut que l’agro-alimentaire chinois arrive droit au mur, ne peut plus garder la même croissance quantitative et doit soudain se tourner vers l’aspect jusqu’alors négligé—la qualité !
Sommaire N° 23