«Créer un environnement idéologique sain» : tel est le mot d’ordre du Comité Permanent, émis par Li Changchun, chef de la propagande (9/06). A cinq mois du XVII.ième Congrès, ce slogan flou de l’appareil, voile ses divisions, et ses désarrois.
Divisions: selon l’agence Kyodo (Japon), Wen Jiabao, le 1er ministre « fatigué », aurait décliné un second mandat (2007-2012). Or, Pékin dément avec vigueur. La rumeur provenait, soit d’un Wen jouant le tout pour le tout, soit de ses adversaires : quoiqu’il en soit, il a gagné ! En même temps, il se dit que Zeng Qinghong, bras droit de Jiang Zemin et vice Président, serait « sur le départ, contre son gré ». Laissant enfin à Hu et Wen -si la rumeur est vraie- tous les pouvoirs !
Désarrois : d’innombrables incidents explosent, alimentant la gouaille de la rue :
[1] la mort (8/06) de Song Pingshun, Président, à Tianjin, de la branche du Parlement chinois (l’ANP), en un suicide douteux sur fond de corruption immobilière.
[2] Les sanctions contre cinq hauts cadres, et l’enquête exigée par Wen Jiabao, après la terrible pollution du lac Taihu ;
[3] les arrestations de 5 vigiles ayant causé la nuit d’émeutes étudiantes (8/06) à Zhengzhou (Henan).
[4] A Shunde (Canton), c’est par une taxe insolite que le scandale arrive : dans un hôpital, les parturientes payaient 40¥/jour, le privilège que leur bébé ne leur soit pas enlevé.
[5] A Lifen (Shanxi), puis dans tout le Henan et le Shanxi, le blitz de 35.000 policiers à travers 7500 fours à briques, a permis de libérer au moins 468 hommes et enfants, hagards, sales, rendus fous après des mois ou années d’enfer, à porter des briques, battus et impayés. 120 arrestations—certains des patrons de ces camps de travail privés, étaient parents du secrétaire du Parti, qui protégeaient leurs agissements.
Pari osé : Le fait est digne d’être mentionné : c’est le PCC (Hu Jintao en personne) qui a ordonné cette action dans les briqueteries, et pris le risque de tout révéler dans la presse, comme pour tenter de redresser l’image du régime. Pari osé, mais probablement la seule chance de rattraper la légitimité qui s’effiloche.
On voit aussi fleurir dans la presse tels éditos édifiants, « Servir le peuple », « Réduire le fossé villes-campagnes ». On y raconte le cas du policier indigne qui, en 2002, avait tué un petit voyou en interrogatoire, meurtre ensuite camouflé en suicide : suite à la dénonciation par le peuple, le juge a condamné le flic violent à la prison à vie, et son collègue qui l’avait laissé faire, à deux ans…
NB : Même si l’on sait que ces cas sont exceptionnels, le fait de les publier, ne trompe pas sur le désir des dirigeants, de récupérer la confiance de l’opinion. Il a pour cela de bons arguments, notamment la popularité de Wen Jiabao, les frappes anti-corrruption – ou cette frappe anti-esclavagiste !
Sommaire N° 23