Sommet de géants à Washington les 22-23/05, entre Chine et USA.
La vice 1er ministre Wu Yi rencontrait le Secrétaire au Trésor Henry Paulson, avec leurs gouvernements quasi-complets, pour la 2de session du Strategic Economic Dialogue, dialogue inventé par Paulson afin d’endiguer ensemble le déficit commercial américain (+88% au 1er trimestre, à 63MM$). Il y avait urgence, pour éviter un clash entre une Chine déterminée à repousser tout forcing de réévaluation de sa monnaie, et un Congrès préparant un projet de taxe de 27,5% sur tout import chinois, en rétorsion d’un RMB jugé « 35% trop bas ».
Pékin cherchait l’accommodement, et avait envoyé 15 ministres, pour montrer sa bonne volonté. La volonté chinoise de concessions est visible à travers les résultats.
En aviation, les vols vers les US passeront de 10 à 23/jour avant 2012.
En énergie, la Chine hébergera 15 projets US de capture de méthane de houille, la technologie américaine de désulfurisation, et négociera avec Washington une coopération tous azimuts en énergie et dépollution.
D’autres collaborations démarrent, en matière de traçage des grumes de bois, ou de droit du travail.
En matière de finances, Pékin dès le 18/05 acquérait 10% du fonds d’investissement Blackstone, pour 3MM$. Aux banques étrangères, il promettait de nouvelles JV et licences de courtage boursier, l’entrée en lice des cartes de crédit en Yuan et triplait le quota d’achat de parts boursières étrangères en « QDII » (Qualified Domestic Institutional Investors), à 30MM$.
Wu Yi quittait Washington, avec en poche 12MM$ de commandes en machinerie, électronique, aviation. Enfin, Li Guoru et J. Lambright, les Présidents des deux Eximbank, convenaient de financer tout export vers les US, de plus de 20M$, afin de faciliter le rééquilibrage des échanges.
Et pourtant, au final, « rien ne va plus » : Wu Yi n’a pas ouvert davantage le marché des services. Elle n’a pas autorisé des maisons de courtage à 100% étrangères, ni le rachat étranger à plus de 25% des petites banques locales. Elle a aussi refusé de rouvrir la porte au boeuf texan, accusé de vache folle. Elle a surtout re-jeté toute réévaluation du ¥ —qui pourtant, ne fait que monter, aujourd’hui à 7,67/1$, bien parti pour une hausse de 9% dans l’année. D’où les cris d’orfraie au Congrès, et le soupir d’un George Bush « déçu ». Le Congrès avertit désormais du « risque » de sanctions, qui semblent toujours moins évitables…
Et pourtant, pas de doute, les Etats-Unis ont tout fait pour dépasser leurs divisions—Paulson admet même, in petto, que la monnaie n’est pas la seule cause, ni le remède au dérapage commercial – ne serait-ce, parce que l’export chinois est en fait assemblé à partir de pièces du Japon, de Corée ou de Taiwan qui empochent l’essentiel du profit. Punir la Chine serait compromettre la croissance de l’Asie entière, voire celle des USA eux-mêmes, puisque la pompe chinoise en bons du trésor cesserait de tourner. C’est ainsi que le Congrès apparaît comme le danger N°1, amateur populiste, prenant en otage l’économie mondiale, au nom de ses intérêts de politique intérieure 2008!
Sommaire N° 20