A la loupe : L’agence fantôme d’investissements s’exerce

Le sommet Africain de Pékin en novembre 2006, était fait pour frapper. Les 16-17/05, la Chine poursuit l’effort, en abritant à Shanghai le Conseil des gouverneurs de la Banque Africaine de Développement (BAD), instance régionale fondée en 1964, aujourd’ hui en quête de vocation mondiale. Ce rendez-vous fut un remake du faste pékinois, réunissant 2500 dignitaires des 77 pays, sous le slogan « Afrique-Asie, partenaires de développement  ».

1er message : c’est suite aux efforts et au choix politique de la Chine, que l’Afrique a changé depuis 2002. Après 5 ans de croissance à 30%, le commerce bilatéral en 2006 a atteint 55MM$ (Wen Jiabao le 1er ministre, le prédit à 100MM$ en 2020), avec un léger excédent pour l’Afrique livrant son pétrole et ses métaux, la Chine réciproquant par ses vélos, textiles et TV pas chers. Fin 2006, la Chine y avait investi 11,7MM$, et 800 de ses companies, surtout publiques, y étaient présentes, contre 350 en 1999.

Mais justement, de moins en moins, l’argent fait tout : les Etats noirs savent que Pékin, même sincère, recherche avant tout les matières 1ères vitales à son industrie. Et que les industriels chinois sur leur sol, n’ont pas le coeur tendre en matière salariale ou de transfert de technologie, ni la main écologistes.

Aussi Pékin renforce sa campagne de séduction, multiplie les promesses de prêts au continent (d’ici 2009 quelques 20MM$ en crédits d’infrastructures) et d’épongeage de dettes (doublement de l’effort, à 2,7MM$). Tout en contre-attaquant sur l’affaire du Darfour : son commerce avec le Soudan serait « le chemin le plus court pour terminer cette guerre », démentant le lobby en faveur d’un embargo. Il offre à la Zambie une usine d’explosifs, vitale pour son industrie minière (et ses exports vers la Chine ! ). Le 14/05, une fusée Longue-Marche-3 plaçait sur orbite géostationnaire, Nigcomsat-1, satellite de télécoms de 5 tonnes, à 311M$, qui générera 150.000 emplois au Nigeria, sans compter les autres dans tous les pays balayés par ses services.

Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque centrale (BPdC) prédit le renforcement de l’action de plusieurs banques chinoises telle l’Eximbank (déjà 6MM$ de prêts en Afrique), ou la CDB (China construction Bank) qui crée un Fonds sino-africain de développement (1MM$, puis 5MM$ en 2009). 16.000 experts de santé sont en instance de départ pour l’Afrique. Énorme effort donc, et la Chine se profile en « dernière chance de l’Afrique », acteur essentiel des 5,5% de croissance du continent l’an dernier. Président de la Banque africaine de développment, le Rwandais Donald Kaberuka en rendait compte, mais assortissait sa louange d’une demande discrète : que ces crédits chinois passent davantage par sa banque, afin de renforcer l’autonomie bancaire de l’Afrique, et pas seulement le pouvoir chinois sur elle !

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
8 de Votes
Ecrire un commentaire