Depuis 2006, la bourse de Shanghai grimpe sa montagne, infatigable. La Chine entière y joue, s’y met. Depuis janvier 2007, l’indice composite a gagné 51%. Le 9/05, la corbeille franchissait la barre des 4000 points. Il était bien oublié, le minikrach qui lui avait fait perdre 9% le 27/02 (à 2772 points) !
Face au risque de rechute, les autorités jettent de l’eau sur la machine chauffée à blanc. Le 11/05, la CSRC (China Securities Regulatory Commission) annonçait de nouvelles enquêtes contre la fraude. Elle épinglait Hangxiao, groupe qui venait de faire gonfler son titre de 400% en agitant un très suspect contrat de fournitures pour 4,5MM$ en Angola -18 fois les revenus de Hangxiao en 2006, et cinq fois l’export de Chine en Angola. Hélas pour la crédibilité de la CSRC, l’amende à la firme se montait à 52.000$, et 15 à 30.000$ aux cinq principaux cadres indélicats : tapette sur les doigts !
Le 11/05 encore, la CBRC (China Banking Regulatory Commission) autorise les banques à investir dans des titres de l’étranger, en fonds d’invests. Quoique bridé de plusieurs manières (pas plus de 50% du fonds en telles valeurs, pas plus de 5% par position), ce système, dit QDII (Qualified Foreign Institutional Investors), ouvre un produit boursier concurrent à la bourse locale, tout en permettant à une fraction des 1200MM$ de réserves en devises de ressortir.
Mais effet « inattendu » : l’annonce dopa le stock exchange de Hong Kong (+2,5%) et la place de Shanghai (+0,61%), boostées par les valeurs mobilières et bancaires… Puis le 15/05, Shanghai erratique se replia de -3.64% (3ème plus grande baisse depuis janvier), entraînant Shenzhen (-2,64%) et HK (-0,53%). Sauf la banque BoComm (Bank of Communications), qui prenait 71% pour son 1er jour de cotation… Puis encore, comme pour donner la « preuve par neuf » de sa faim incoercible, dès le 16/05, Shanghai se ressaisissait (+2,23%) porté des groupes alimentaires et de construction mécanique. Désormais «maté», Hong Kong suivait (+0,33%).
Enfin, le 18/5 après fermeture des guichets, la Chine élargit à 0,5%/jour la bande de flottement du yuan, porte à 11,5% le taux des réserves bancaires, et à 6,57% le taux de dépôt à un an : quelques gouttes d’eau supplémentaires !
Jusqu’où va-t-on ainsi? Malgré Li Ka-shing qui crie au loup, parlant de valorisation insoutenable et de casse pour Hong Kong, la corrida boursière peut durer, vu la masse d’épargne attendant son tour. Le seul vrai outil de l’Etat pour enrayer la cavalcade fantastique, est d’emprunter en ¥ pour acheter lui-même massivement—ce dont pour l’instant, il se garde : cette ruée financière, à condition de tenir, accélère l’épongeage des mauvaises dettes des banques, tout en finançant l’expansion planétaire de ses groupes industriels. Il aurait tort de s’en priver!
Sommaire N° 19