Temps fort : Matières 1ères — vers une économie de pénurie!

« Le nucléaire n’est pas la solution pour la Chine » : c’est Chen Mingde, n°2 à la National Development and Reform Commission (NDRC), sherpa de l’économie chinoise, qui le dit au Sommet de Bo’ao (Hainan), à un aréopage de leaders internationaux.

Ce verdict contredit frontalement la théorie officielle chinoise, qui prétend quadrupler sa production d’électricité atomique d’ici 2020, au prix de 3 nouvelles centrales de 1000MW par an. La raison du demi-tour : l’uranium, difficilement trouvable sur terre, avec en 2006, une offre globale en baisse et déficitaire, de 45M/kg face aux 81M/kg de la demande. Le prix a déjà quintuplé en 3 ans, à 42$/kg. Les réserves chinoises, à 70.000t, suffiraient pour 50 ans au plus, dit la CGNPH (China Guangdong Nuclear Power Holding). Si les chiffres sont justes, la filière nucléaire chinoise voit devant elle un obstacle majeur.

A l’égard du charbon, la NDRC se découvre un souci de même nature : depuis 2003, elle est importatrice structurelle, après avoir fermé des mines meurtrières ou resquilleuses des taxes. Jing Tianliang, Président de China Coal, croit cette dépendance nouvelle passagère, vouée à disparaître en 2011, une fois exploitées 0,8Mt de capacités supplémentaires, relevant la production à 3MMt… Mais c’est sans compter le fait qu’une partie de l’offre chinoise est plus chère (dure à extraire) et plus polluante que celle d’Australie et d’Indonésie.

Autre dossier « sulfureux », le cuivre. Le Bureau des Réserves Stratégiques (BRS), avec à peine 0,4 à 0,6Mt de stock, serait à marée basse, face à la fringale industrielle chinoise de 10.000t/j. Le problème est le protectionnisme d’Etat : comme le carburant, le cuivre est subventionné. Le BRS en aurait cédé ainsi 0,8Mt, en dessous du coût d’import… Un tel système ne lui a laissé aucune chance de se remettre du crash de 2005, où Liu Qibing, un de ses traders, pariant à la baisse, lui avait fait perdre 200M$… Selon les analystes, le BRS se retrouverait à présent entre le Charybde de ses obligations protectionnistes et le Scylla de l’impossibilité de réapprovisionner. A 5 à 6MM$, le prix serait irresponsable, et surtout, un tel tsunami d’achat achèverait de faire dérailler un cours mondial déjà déboussolé, passé de 2000$/t en 2002, à 9000$/t aujourd’hui…

C’est d’ailleurs pour cette même raison que finalement, la Chine se contentera d’une réserve stratégique de pétrole de 30 jours d’ici 2010, et non 60 voire 180 (norme de l’OCDE) comme espéré. Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas seulement ces trois cours qui s’envolent, mais tous, comme l’or (690$/oz), le platine (1317$) ou le palladium (382$/oz).

Il s’agit d’une tendance mondiale causée par la demande chinoise, traduisant la croissance non durable de la Chine, et les limites déjà visibles de sa fuite en avant ! 

 

 

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