La campagne nationale anti-corruption redémarre à Pékin, avec le limogeage début avril de Zhou Liangluo, maire du district de Haidian, en prison pour fraude foncière. Avec la chute, sept mois plus tôt, de Qin Yu, à Shanghai, le parallèle est saisissant.
Maire de district de Baoshan, Qin Yu était arrêté le 29/08/2006 pour détournement de fonds de pension, et son arrestation avait été suivie de cadres plus élevés : Zhou Pengyu, vice-maire de Shanghai, et surtout Chen Liangyu, le Secrétaire du Parti, ami de Jiang Zemin. Effet de « billard à 3 bandes ». A Pékin, le scénario se répète : derrière Zhou Liangluo, c’est Tan Weike qui serait visé, Secrétaire du Parti de Haidian, site de nombreuses épreuves des JO en 2008. Au-delà Tan Weike, le prince rouge visé serait Jia Qinglin, l’actuel n°4.
Dans ces affaires, les biens réelles corruptions invoquées cachent une autre motivation : le nettoyage politique, en vue du XVIIème Congrès, pour écarter des adversaires du Prsdt Hu Jintao. Si Jia chute, ce sera « au 2ème essai ». En 2000, Lin Youfang, son épouse d’alors, avait plongé dans l’affaire Yuanhua, d’impor-tation hors taxes ayant coûté 3MM$ d’impôts à l’Etat et la vie à 14 cadres de Xiamen. Le cerveau était Lai Changxing, depuis en fuite au Canada. Inquiété, Jia Qinglin avait été vigoureusement sauvé par Jiang Zemin, qui avait fait avec lui une très médiatique promenade en ville, pour bien rappeler son intouchabilité.
Chen Liangyu tombé, Jia Qingling inquiété, que signifie tout cela, par rapport au pouvoir ? Certains s’accordent à estimer que la chute de Chen, résulte d’un accord entre Hu Jintao avec Jiang et du ralliement du Vice Président Zeng Qinghong, brillant stratège, ex-bras droit de Jiang, aujourd’hui sélecteur des futurs 2200 édiles du Congrès. En prix de son alliance, Zeng Qinghong aurait lâché d’autres anciens de l’écurie de Jiang Zemin, les plus critiquables. Le nettoyage pourrait continuer, surtout parmi les 6 membres (sur 9) du Comité Permanent installés par Jiang Zemin à son époque. Huang Ju est visé, étant malade (cancer), impopulaire et mal vu de Hu Jintao ; de même Li Changchun (n°8, chef de la propagande) pourrait aussi partir pour problèmes de santé, voire Wu Bangguo pour limite d’âge.
Avec peut-être pour Hu, en contrepartie, le sacrifice imposé de son 1er ministre Wen Jiabao, qui apparaît ces derniers mois comme étrangement diaphane, et peu réformateur dans les actes : comme voyant, impuissant, et bloqué.
Telles pourraient être les grandes manoeuvres derrière la toile du décor. Sans surprise, on constate le maintien des deux grandes factions des 20 dernières années, Yin et Yang indissociables, coeur d’un Parti plus en quête de sa survie, de son rôle d’avenir, que de réponses aux défis de sa société en mutation !
Sommaire N° 15