Le Vent de la Chine Numéro 15

du 15 au 21 avril 2007

Editorial : Danone attaqué par son partenaire, Wahaha !

En une attaque frontale le 09/04, Zong Qinghou, président de Wahaha  a dévoilé la tentative de Danone, son partenaire français, de reprendre le contrôle de filiales extérieures à leur JV.

Quittant sur Internet une tradition de secret d’affaires, Zong ose qualifier  le lien entre les deux maisons, de « traités inégaux », allusion désagréable à la guerre de l’opium. Pour Wahaha, il revendique le droit, cédé pour 50 ans à leur JV, d’utiliser librement sa marque. Puis sous 48heures, suivant un scénario très au point, viennent le soutenir ses distributeurs, des officiels (au nom des «20.000 employés»), et la presse !

En 1996, lorsque Danone et Peregrine (banque d’affaires entretemps disparue dans la crise asiatique de 1997) acquièrent à Hangzhou 51% d’une JV avec Wahaha,  ce dernier n’est qu’une PME, qui accepte avec plaisir la cession de sa marque (dont le nom, populaire, signifie « bébé qui rit »), et de ne pas concurrencer les produits de la JV. Suite à quoi, grâce à la technologie Danone, la JV passe au 1er rang pour l’eau en bouteille, au n°2 du biscuit, et devient un leader en yaourt et jus de fruit.Conformément à la loi, le groupe de Zong a, et garde jalousement, l’exclusivité de la distribution.

Le dérapage arrive « après 2000  » : violant l’accord,  le groupe Wahaha crée des filiales qui vont produire et distribuer pour son propre compte les mêmes produits élaborés par Danone -même apparence, même marque. La fraude prend de l’ampleur : en 2006, ces « vrai-faux Wahaha » lui rapportent 100M². Réalisant à l’automne 2006 l’ampleur du dérapage, Danone veut négocier une reprise « à l’amiable » des branches illégales : 387M² pour 51%. Zong accepte d’abord, et signe en décembre un accord en ce sens. Mais en janvier, il a créé une nouvelle JV sino-chinoise de distribution. Pour justifier sa rupture de contrat,  Zong reproche à Danone d’avoir multiplié les participations avec des firmes telles Mengniu ou Huiyuan, n°1 du lait et du jus de fruit, alors que lui-même voit sa route barrée vers ce type d’alliances.

Dans la tourmente, Danone veut privilégier l’accommodement à la justice… Mais Zong, par ses formules populistes, cherche à gagner l’opinion et établir, au minimum, son droit à pirater son ex-maison-mère, au maximum, à emporter avec lui le meilleur de la JV aux 880M² d’actifs. L’Etat, selon son espoir, faisant jouer le « fait accompli » et la passivité, au nom de la stabilité, et « société harmonieuse ». Face à l’attaque, Danone réagissait 48h (11/04) pour menacer Wahaha Group d’une plainte en justice, sauf accord sous 30 jours.

Des négociations vont donc reprendre « à trois », sous l’arbitrage de l’Etat. Le pire n’est pas inéluctable : la Chine tient à son image, ne peut toujours pas se passer de la présence étrangère, témoin à Tokyo, Wen Jiabao (cf p.2) qui invite les industriels nippons à venir investir. Témoin aussi le feu vert donné à SEB par Pékin pour un rachat majoritaire de Supor (le n°1 chinois de la casserole), malgré une plainte d’un concurrent local, s’estimant lésé. Le 11/04,  le Ministère du commerce faisait un premier point. Il « encourage les invests étrangers et  protègera les droits des firmes chinoises dans les disputes surgissant d’acquisitions étrangères  ». Il gérera le conflit Danone-Wahaha, « selon les règles strictes ». Autrement dit, tout est ouvert !

 


A la loupe : Chine-Japon : page guerrière tournée, futur à construire

Signe de dégel, Wen Jiabao retourne au Japon (11-13/04),  1ère visite d’un 1er Ministre chinois depuis Zhu Rongji en 2000. Il s’agissait de réparer des relations entre ces puissances d’Extrême-Orient, endommagées par la politique de l’ex 1er Ministre J. Koizumi qui, pour satisfaire sa droite, visitait le sanctuaire de Yasukuni où gisent des criminels de guerre.

Disons le d’emblée : cette visite est un succès par sa charge symbolique, appelant au pardon et à la reconstruction d’un avenir sur des bases assainies. L’histoire le confirmera, mais on soupçonne, à la base de ce succès, une entente secrète entre deux politiciens hors-pair, Wen et son collègue Shinzo Abe, l’un et l’autre ayant pris leurs responsabilités. A peine élu (sur un programme pourtant nationaliste), Abe avait consacré à Pékin (et non à Washington) sa 1ère sortie officielle. Lui rendant la politesse, Wen à Tokyo multiplia les gestes de réconciliation, telle leur déclaration commune (la 1ère depuis 1998), un jogging matinal et une démonstration de taiqi dans un parc (cf photo) en survêtement des JO de Pékin 2008, bien sûr.

Wen réouvrit (après 4 ans) les portes au riz nippon. CNPC et Nippon Oil signèrent un accord de coopé à long terme, déclaration d’intention de partager le gaz offshore en mer de Chine orientale (mais sans aborder la question épineuse des zones économiques spéciales maritimes ZEE). Les deux hommes signèrent un accord de coopération contre le réchauffement global, et parlèrent de « réforme de l’ONU » (mais sans toucher à la vraie question, la demande nippone d’un siège permanent au Conseil de sécurité).

L’essentiel fut ailleurs : devant la Diète (Parlement nippon) le 12/04, Wen reconnut que « le peuple japonais était aussi la victime de la guerre » (donc, non coupable), et que « les remords des nippons étaient précieux aux yeux des chinois », manière de suggérer que les excuses de Tokyo étaient acceptées. Tout en rappelant aussi les efforts financiers de l’Empire nippon pour les réparer (30MM$ en 30 ans). 

Ainsi, Wen retourne chez lui après avoir coupé, avec Abe, l’herbe sous le pied des extrémistes des 2 pays, partisans de la « paix froide ». Ils l’ont fait, au nom du business (211,3MM$ d’échanges en 2006, et au total 58MM$ d’IDE nippons en Chine). Signe des temps : Tokyo et Pékin vont échanger des centres culturels, Shinzo Abe devrait se rendre en Chine courant 2007, et Hu Jintao à Tokyo en 2008… Tout cela, sous réserve d’inventaire et, d’un toujours possible  nouveau  dérapage!

 

 


Joint-venture : Confucius veille sur le mandarin

Fraport se place en Chine

Le 6 avril, Fraport, opérateur de l’aéroport de Francfort achète 24,5% de Xi’anyang, son homologue à Xi’an (Shaanxi). Pour cet équipement qu’empruntèrent 9,4M de passagers en 2006, le prix est de 50M².

China West Airport, groupe régional, garde 50,9% des parts, le reste revenant à la CNAC – China National Aviation Corporation (24,5%). Pour China West, l’intérêt du deal tient surtout à la compétence du partenaire allemand: Fraport développera le marketing et repensera l’outil déjà rénové mais non optimisé.

Nouveauté : c’est la 1ère fois en Chine, qu’un gestionnaire étranger d’aéroport mise sur un aéroport non coté en bourse. Pour Fraport, ce contrat récompense la patience. Dès avril 2004, avec Shanghai Airport Group, il formait une JV de consulting et de formation. En 2005, il reprenait 25% de Ningbo Lishe. D’autres palabres traînaient avec des aéroports comme Qingdao Liuting, ou pour une part du futur ensemble de Kunming (Yunnan), qui coûtera 1,9MM$. Voici enfin Fraport sur son céleste taxiway, en quête d’autres opportunités, comme une part dans la 2de phase de Guangzhou Baiyun (à 2,16MM$, dont 49% à saisir par l’étranger). De toute manière, sous trois ans, 60 aéroports sont à bâtir : il y aura matière…

 

Confucius veille sur le mandarin

Chen Zhili la conseillère d’Etat a inauguré le 09/04 le quartier général des 145 Instituts Confucius disséminés dans 52 pays.

Rançon du succès, la demande mondiale en mandarin croît irrésistiblement, le monde comptant aujourd’hui 40M d’étudiants en cette langue, 33% de plus en un an!   Comme base d’enseignement, Pékin déploie depuis 2004 ses instituts Confucius, calqués sur le modèle des Alliances françaises.

Le projet pilote ouvrait à Tachkent (Ouzbékistan) en juin 2004, suivi d’autres éclosions tous les mois. 100 autres centres sont programmés d’ici 10 ans. Cette semaine ouvrent l’école de Novosibirsk (4ème de Russie), celle de Lincoln, Nebraska (USA). Chaque institut est installé au sein d’une université étrangère, et soutenu (en programme, et par un ou plusieurs profs délégués) par une faculté chinoise. Pour le Confucius de Lincoln, c’est Jiaotong, de Xi’an qui fera  les programmes. C’est pour remettre un peu d’ordre dans cette structure volontariste et anarchique, que naît le centre logistique de Mme Chen : il traitera les demandes, affectera les budgets,harmonisera les cursus. Le CILC (Confucius Institute Logistic center) prévoit aussi l’ouverture prochaine de services en ligne et télévisés, par satellite, internet -rien n’arrête le progrès, surtout en mandarin,  et sous le regard du vieux sage !

 

 


A la loupe : Chine, le bonheur est en bleu marine !

Avec plus de 4M km2 d’eaux territoriales,1400 ports, 30M d’emplois, la mer fait la fortune de la Chine bleue côtière : 10% du PNB en 2006.

Cette manne vient d’abord des ports, survoltés par 20 ans de commerce exponentiel : ils ont traité 5.6MMt de fret en 2006 et 93M de boîtes équivalent 20 pieds (EVP). Désormais, la Chine détient 4 des 5 plus grands ports mondiaux : Shanghai (22M de boîtes), Hong Kong, Shenzhen et Canton qui vient l’an passé de remonter 7 places,ayant traité 300Mt de vrac et 6,6M EVP. Et ça continue : au nord, Tianjin (Caofeidian) creuse le 1er port planétaire en eau profonde, pour des cargos de 250.000 tonnes de jaube brute (TJB), et un trafic énorme dès 2010 (300Mt de fret et 10M de boîtes). Tandis que Caofeidian se prépare à prendre le 1er rang nationall du minerai de fer…

La Chine commence à réaliser son patrimoine marin, et à le protéger: un mois après la sortie d’un règlement de protection du littoral (cf VdlC n°10), elle lance (11/4) son second satellite pour en suivre la variation des courants et de la pollution. Car cette mer polluée et surexploitée commence à fatiguer, et le marché maritime, à stagner. Shenzhen paie les armateurs (5M¥) pour les débaucher de Hong Kong. CSCL le shanghaïen annonce la perte l’an dernier, de 76% de ses profits, laminés en dumping et hausse du fuel. Cosco le n°1 perd 64%… 

Faute de bonne signalisation, les accidents abondent, tel le naufrage (08/04) du Harvest  sous pavillon de complaisance (Bélize), coulé par le cargo local Jinhaikun au large de Shanghai : 20 morts. Ne parlons pas de la ruine de la pêche cotière (stérile), ni des pertes de l’aquaculture dans ces bas-fonds lessivés d’engrais et où prolifèrent les marées rouges.

La mer, mais aussi l’homme, se rebelle ! A Shenzhen, sur le terminal du magnat Hongkongais Li Kashing (Hutchison Port Holdings), les grèves se sont multipliées dernièrement, conclues (10/04) par une victoire des dockers obtenant 800¥ de hausse par mois, et « une section syndicale sous 2 mois »…

Tout ceci évoque une puissance maritime naissante : l’ami-ral M. Mullen, de l’US Navy, ne s’y est pas trompé, qui vient d’offrir au vice contre-amiral Wu Shengli (en visite aux USA du 1 au 8/04) de créer, avec d’autres puissances, une flotte de sécurité de 1000 bâtiments pour répondre aux catastrophes genre tsunami, et décapiter la piraterie en pleine recrudescence. Comme quoi si les rapports sino-US s’effilochent par l’espace (le test chinois, le mois dernier, de destruction d’un satellite par un missile), c’est par la mer qu’ils se ravaudent !

 

 

 


Argent : Le patrimoine chinois vendu en bulle

Le patrimoine chinois vendu en bulle

La richesse chinoise se porte bien : cela se voit entre autre, sur le marché de l’art, surtout chinois contemporain, très prisé dans le monde (le cours a triplé en 5 ans),mais que les nouveaux riches veulent « patriotiquement » rapatrier.

Le 7/04 à Hong Kong, la galerie Sotheby’s a établi un nouveau record pour une toile chinoise, en recueillant 6,8M² pour une oeuvre du maître Xu Beihong « Repose ton fouet » interprète une scène d’un drame théâtral sur l’occupation japonaise. Réalisée en 1939 durant l’exil de Xu à Singapour, elle est clairement anti-nippone. Le même Xu avait réalisé le précédent record en novembre 2006, toujours à Hong Kong, avec une autre oeuvre emblématique, « le lion et l’esclave  ».         

Autre record battu : dans l’architecture traditionnelle.  Mardi 10/04, une cour carrée pékinoise (四合院siheyuan) est partie pour 11M² à 3.630²/m². Raison de l’envol des prix : le bulldozer, qui déracine ces splendides résidences patriciennes, ombragées de toits courbes et de siècles.

En plus, ce marché surchauffé offre aux nouveaux riches des placements sans risques : même l’immobilier «lambda », pris dans sa bulle, a monté de 42% depuis 2004, et prendra encore 11% cette année, estime Jones Lang LaSalle.

Export chinois — accalmie en mars !

Les douanes chinoises notent pour mars, une chute de plus de 70% du surplus commercial. A 6,87MM$,  c’est le plus bas niveau depuis un an, et si l’export est toujours en hausse, le score de 6,9% est le plus bas depuis 2002.   

Pékin y voit la preuve que ses efforts de rééquilibrage de la balance commencent à payer. Sur l’autre rivage du Pacifique pourtant, on est peu impressionné. Initié pour profiter à fond des derniers jours de l’export suvbentionné  (avant la baisse, par exemple, du rabais de TVA sur l’acier, de 8% à 5%), l’énorme pression aux commandes étrangères n’était pas tenable, faute de stock et de crédits bancaires. Les excédents records de janvier (16MM$) et février (23,8MM$) ont été artificiellement provoqués. Et malgré tout, le bilan du 1er trimestre aboutit à un excédent commercial de 46,44MM$, double du 1er trimestre 2006. Même cette chute de mars sent l’intervention étatique, sur un très peu naturel « marché ». Autant dire que ces chiffres, par rapport aux actions protectionnistes américaines en cours (cf rubrique politique), sont évalués comme « too little, to late » !

Dans un tel contexte, démentant le pieux espoir de Wen Jiabao en mars, d’une croissance pour 2007 limitée à « 8% », le Fonds monétaires internationale, le FMI, ose prédire une croissance « rapide » de 10% : manière de rattraper ses « sous-estimations » des années précédentes !

Les états d’âme de la banque CITIC

CITIC, la 7e banque chinoise se présentera en bourse de Shanghai et Hong Kong le 27/04.

Si elle reçoit notre attention cette semaine, c’est que -chose rare-, elle baisse son objectif de prix, de 5% sur les deux places – quoique ayant déjà reçu une bonne réponse de Hong Kong avec des commandes nonuples des 4,9MM d’actions mises en vente (12,8% de ses actifs). Entre les deux places, elle ne vise donc plus que 4MM², contre 4,2M² jusqu’à hier. Chuchotée par les connaisseurs, la raison serait l’intervention de la tutelle CSRC (China Securities Regulatory Commission), qui craindrait un prix d’entrée trop élevé à Shanghai, chassant les agioteurs. CITIC dément, invoque des raisons techniques.

Cette baisse est d’autant plus mystérieuse, que Molybdenum, groupe chinois (métaux non ferreux, Luoyang, Henan) présenté aux acheteurs Hongkongais, choisit d’augmenter de 8% la mise, et ratisser un total de 541M², moyennant la distribution de 22,7% de ses actifs. Apparemment donc, il n’y a pas d’état d’âme à la Bourse de Hong Kong (HKSE), ni de pressentiment de fin de l’actuel cycle de croissance !

 

 

 


Pol : Les USA saisissent l’OMC contre la Chine

Soudan : gant de fer, main de velours…

Parti de deux candidats aux présidentielles en France, la notion de boycott des Jeux Olympiques de Pékin pour cause de soutien du Soudan d’Omar el-Béchir et de sa guerre au Darfour (2,5M de déplacés, 0,2M de morts) commence à inquiéter la Chine. Partie de l’actrice américaine Mia Farrow et du réalisateur Steven Spielberg, une lettre au Président Hu Jintao a peut-être servi de déclencheur au changement d’influence chinoise sur Khartoum. Mia Farrow est ambassadrice (du coeur) de l’UNICEF et Spielberg, conseiller artistique des JO…

Fait indéniable et tout nouveau : du 6 au 9/04, Zhai Jun, vice ministre des Affaires étrangères a visité trois camps de réfugiés du Darfour. Il a aussi rencontré le Président soudanais, et lui a publiquement conseillé «plus de souplesse» dans l’acceptation d’une force de paix de l’ONU au Darfour, en association à l’actuelle (et inefficace) mission de l’Union Africaine, selon le plan de Koffi Annan. Notoirement opposé jusqu’alors, Béchir faisait traîner les choses.

Mais voilà qu’au tapis vert du 10/04, entre UA, Soudan et ONU, l’émissaire du Soudan, accepta les deux premières phases d’entrée sur le terrain des équipes logistiques, et pour la 3e phase, du déploiement des casques bleus, il ne bloque plus que sur le passeport du commandant de la force mixte, qu’il voudrait nigérian…Rendez-vous fut pris les 16 et 17/4, au siège de l’ONU. L’accord est proche, Pékin ne voulant plus compromettre ses JO et son image pour les humeurs de l’autocrate de Khartoum.

 

Les USA saisissent l’OMC contre la Chine

Après les droits anti-dumping US fin mars, frappant le papier glacé chinois, arrivent deux plaintes à l’OMC, l’organisation mondiale du commerce (10/04) contre la Chine : sur son piratage de la propriété intellectuelle, et contre la grande Muraille bloquant l’accès des biens culturels.

Alors que la politique commerciale américaine se durcit sous l’impact du Congrès démocrate, c’est Pékin qui semble chercher l’accommodement. La semaine passée, elle promettait 12MM$ d’achats US. A présent, le chèque monte à 16,2MM$, avant la rencontre de mai entre le secrétaire au Trésor Henry Paulson et la vice-ministre Wu Yi. Pourtant, ces actions fédérales, dans l’industrie, ne font pas l’unanimité. Hollywood applaudit, mais Bill Gates, Intel, ainsi que les pharmaciens font grise mine. Microsoft qui vient de réussir, chez Lenovo, à faire passer le taux de copies légales de son système Vista, de 10% à 70% en quelques mois, craint de découra-ger les bonnes volontés par cette manière forte. D’autres objectent que les chances de réussite de la plainte « culturelle »  sont minces : la question est politique, non commerciale, et sur ce domaine, la souveraineté chinoise est indiscutable.

NB : en attendant le verdict de l’OMC d’ici 2 à 3 ans, le Shandong fait la nique à Hollywood, recevant la plainte d’un auteur chinois  :  la Fox aurait plagié son roman pour le blockbuster Le jour d’après.

 

 

Souverainisme en mer de Chine

« L’archipel des Nansha (Spratley) et leurs eaux adjacentes sont indiscutablement chinoises, et de temps immémoriaux …» : par cette phrase stéréotype, un porte-parole exprime la nervosité de Pékin, face au gazoduc qui se construit entre Vietnam-Sud et l’archipel, en partenariat de BP avec PetroVietnam. 370km de tube qui relieront au continent les champs gaziers de Lan Tai et Lan Do (exploités par BP depuis 2002), moyennant 2MM$. Circonstance aggravante aux yeux de Pékin : Hanoi, sur une de ses îles, prépare un scrutin municipal ! Mais Hanoi fait la sourde oreille : ce projet serait « complètement normale et en ligne avec la pratique internationale ».

Les deux pays, sur ce dossier, ont un vieux contentieux : en 1988, sur le site, la marine chinoise envoyait par le fond 3 canonnières vietnamiennes, causant 70 morts. Aujourd’hui toutefois, avec la coopération politique et économique qui fleurit intense, le risque d’un conflit est nul. Par contre, comme pour le gaz à partager avec le Japon, les temps et le cours du pétrole imposent un partage rapide de l’or noir des deux archipels, Spratley et Paracels, entre ces deux pays et les quatre autres riverains, Philippines, Malaisie, Brunei et Taiwan.

 

 


Temps fort : Campagne anti-corruption… et XVII. Congrès !

La campagne nationale anti-corruption redémarre à Pékin, avec le limogeage début avril de Zhou Liangluo, maire du district de Haidian, en prison pour fraude foncière. Avec la chute, sept mois plus tôt, de Qin Yu, à Shanghai, le parallèle est saisissant.

Maire de district de Baoshan, Qin Yu était arrêté le 29/08/2006 pour détournement de fonds de pension, et son arrestation avait été suivie de cadres plus élevés : Zhou Pengyu, vice-maire de Shanghai, et surtout Chen Liangyu, le Secrétaire du Parti, ami de Jiang Zemin.  Effet de « billard à 3 bandes ». A Pékin, le scénario se répète : derrière Zhou Liangluo, c’est Tan Weike qui serait visé, Secrétaire du Parti de Haidian, site de nombreuses épreuves des JO en 2008. Au-delà Tan Weike, le prince rouge visé serait Jia Qinglin, l’actuel n°4.

Dans ces affaires, les biens réelles corruptions invoquées cachent une autre motivation : le nettoyage politique, en vue du XVIIème  Congrès, pour écarter des adversaires du Prsdt Hu Jintao. Si Jia chute, ce sera « au 2ème essai ». En 2000,  Lin Youfang, son épouse d’alors, avait plongé dans l’affaire Yuanhua, d’impor-tation hors taxes ayant coûté 3MM$ d’impôts à l’Etat et la vie à 14 cadres de Xiamen. Le cerveau était Lai Changxing, depuis en fuite au Canada. Inquiété, Jia Qinglin avait été vigoureusement sauvé par Jiang Zemin, qui avait fait avec lui une très médiatique promenade en ville, pour bien rappeler son intouchabilité.

Chen Liangyu tombé, Jia Qingling inquiété, que signifie tout cela, par rapport au pouvoir ? Certains s’accordent à estimer que la chute de Chen, résulte d’un accord entre Hu Jintao avec Jiang et du ralliement du Vice Président Zeng Qinghong, brillant stratège, ex-bras droit de Jiang, aujourd’hui sélecteur des futurs 2200 édiles du Congrès. En prix de son alliance, Zeng Qinghong aurait lâché d’autres anciens de l’écurie de Jiang Zemin, les plus critiquables. Le nettoyage pourrait continuer, surtout parmi les 6 membres (sur 9) du Comité Permanent installés par Jiang Zemin à son époque. Huang Ju est visé, étant malade (cancer), impopulaire et mal vu de Hu Jintao ; de même Li Changchun (n°8, chef de la propagande) pourrait aussi partir pour problèmes de santé, voire Wu Bangguo pour limite d’âge.

Avec peut-être pour Hu, en contrepartie, le sacrifice imposé de son 1er ministre Wen Jiabao, qui apparaît ces derniers mois comme étrangement diaphane, et peu réformateur dans les actes : comme  voyant, impuissant, et bloqué.

Telles pourraient être les grandes manoeuvres derrière la toile du décor. Sans surprise, on constate le maintien des deux grandes factions des 20 dernières années, Yin et Yang indissociables, coeur d’un Parti plus en quête de sa survie, de son rôle d’avenir, que de réponses aux défis de sa société en mutation !

 

 


Petit Peuple : Mitraille insolite à Baiyun

A l’aéroport de Baiyun (Canton), la police des frontières n’en revient pas du coup réalisé le 8/04 par Zhang Xiaodong et Hu Yong, étudiants retournant à leur université de Sydney. Vérifiant leurs sacs à dos dans le scanner, l’agent de sécurité donna l’alarme : ils contenaient des masses métalliques suspectes.

Or, voilà que sous les yeux des gardes ébahis s’échappèrent une, deux, mille, deux mille pièces d’un dollar australien. «A-hio ! » s’exclama le chef,s’es-suyant la sueur au front, voyant venir les em…bêtements ! A tout prendre pourtant, il n’y avait pas là de quoi fouetter un chat : sur le plateau, il n’y avait que pour 6300 yuans !

Mais l’histoire sentait l’ar-naque: pourquoi s’être embarrassés d’ un moyen de paiement si invraisemblable, pour un voyage si lointain ? Sommés de s’expliquer, nos potaches bombant du torse, racontèrent leur combine. Pour étudier sur ce sol austral, il faut au bas mot 24000Au$ / an. C’était beaucoup d’argent pour un jeune Chinois, et la plupart des 70,000 qui ont cette chance, ne s’en tirent qu’en travaillant le soir comme serveur ou baby-sitter, ou pendant les congés comme guide, à quelques sous de l’heure.

Au cours de leur première année, Zhang et Hu avaient eu le temps de réfléchir. Le billet d’un dollar valait 6,3¥. Mais les pièces, qu’ils avaient trouvé, se négociaient à 4,3¥. Chaque potache épargnait 2000 yuans, presque 30% sur son petit pactole. Mais où l’avaient-ils obtenu, demanda l’inspecteur fiscal ? Là, nos oiseaux coupèrent net leur pépiement. Tout ce que l’expert numismate convoqué d’urgence put faire, fut de confirmer l’authenticité de leurs 2000 pièces, et de spécifier qu’ils n’avaient pu les acquérir en Chine par des moyens légaux. De même, pour l’assistance, la source demeurait un grand mystère – peut-être le trafic était-il parti de l’aéroport même, de la cassette plastique de la Croix Rouge locale, où tous les touristes rejettent les piécettes de leurs poches …

En fin de compte, après 2 heures, le brigadier laissa repartir ses oiseaux vers un avion, fort énervé et déjà en copieux retard : la loi, admit-il, permettait aux citoyens d’emporter en devises, jusqu’à 50,000¥ ! Le triomphe des godelureaux fut juste gâché par un croquant qui traînait, et leur fit remarquer qu’en optant pour la pièce de deux Au$, ils eussent économisé la moitié de leurs 12kg de bagage à main, ou bien auraient pu passer deux fois plus de numéraire.

Un peu dépité, franchis-sant le portillon, Zhang dit à Hu, lui tapant l’épaule, « 旁门左道 pang men zuo dao » : ils avaient pris « la porte d’à côté et le trottoir de gauche » : pourquoi s’être compliqué la tâche, voulait-il dire, quand on aurait pu faire tellement plus simple !

 

 


Rendez-vous : Le Forum asiatique de Boao (Hainan)

16-18 avril, Pékin : Salon du vin en Chine

20-22 avril, Forum de Boao (Hainan)

22-24 avril Shanghai : China Light, Salon du luminaire

 

22-24 avril Pékin, Salon des instruments médicaux