Pol : Le papier chinois fait tourner le vent des USA

10MM² pour le Tibet — pas un cadeau…

     En 12 ans, jusqu’en 2005, la Chine a investi 6,3MM² en infrastructures au Tibet

Or, selon le gouvernement territorial, le pays s’apprête à quintupler l’effort, avec 10MM² d’ici 2010, sur 180 projets en tous genres. Si tous aboutissent, 80% des villages d’un Toit du monde grand comme trois France seront reliés par la route.

Chacun devrait avoir accès à l’eau potable.  Un  4ème aéroport, le plus haut du monde, verra le jour. Et 300km de voies ferrées prolongeront celle ouverte en juillet dernier entre Lhassa et la Chine. D’autres projets concernent l’école gratuite pour tous les enfants, la protection de l’environnement, un embryon de sécurité sociale et de caisse de retraite. Mais ces bienfaits ne sont pas un cadeau.

Le Tibet reste la province la plus pauvre car l’État investit plus volontiers sur la côte que dans ces montagnes. Ce dernier espère un développement du tourisme et le transport plus facile des immenses ressources minières de la région (cuivre, fer, bois, hydrocarbures). Enfin peut-être, il espère obtenir des Tibétains la réconciliation et l’abandon du Dalaï Lama auxquels tous rêvent encore, comme l’a prouvé une manifestation religieuse de 500 participants interdite (et réprimée) le 21/03, près de Lhassa.

 

Haute technologie : sous-traitance et espionnage

La Chine socialiste a toujours maintenu un réseau d’espionnage à l’Ouest, pour combler le retard technologique de ses industries et de son armée.

Parfois, ces agents sont confondus. C’est le cas de Chi Mak, 66 ans, Cantonais d’origine, naturalisé américain en 1985 et ingénieur chez Power Paragon, (filiale de L3-Communications, 6ème industriel US de la défense), le contractant des sous-marins nucléaires d’attaque. A ce poste-clé, Chi a livré à la Chine un arsenal de technologies classées « secret defence», parfois si avancées qu’elles ne sont pas encore actives. Parmi elles, la propulsion électrique silencieuse des sous-marins, les systèmes spatiaux électromagnétiques d’interception, l’électronique des porte-avions, le radar SPY-1 du croiseur Aegeis (le « clou » de la flotte US). Tai Mak, le frère de Chi Mak, faisait la mule. Le procès de Chi Mak et de son frère débuta le 27/03 à Santa Ana (Californie).

Par ailleurs, ITT (International Telephone and Telegraph Corporation), 12ème fournisseur de l’US Army va devoir verser 100M$ d’amende pour avoir transféré à des sous-traitants chinois sa technologie de vision nocturne. Amende « innovante », dont la moitié sera « pardonnée » sous 5 ans, si ITT l’investit en R&D pour que les USA conservent leur avance dans ce domaine.

NB : Ironie du sort, ITT était en 1973 très liée à la CIA, mêlée au coup d’État au Chili, faisant chuter le régime socialiste de Salvador Allende. 

 

Le papier chinois fait tourner le vent des USA

Depuis 23 ans, le Département du Commerce déboutait les plaintes de ses industriels contre Pékin pour dumping : la Chine n’étant pas encore une « économie de marché ».

Mais le 30/03, son Secrétaire Carlos Gutierrez  a été autorisé par le Tribunal de commerce international américain à imposer pour 10 à 20% de droits compensatoires au papier glacé chinois, à l’export subventionné.  L’annonce fera date :  toute l’industrie américaine l’attendait, et s’apprête à lancer une pluie de plaintes sectorielles. Au Sénat, à majorité démocrate, Charles Schumer et Lindsey Graham (à l’origine de la proposition de taxe de 27,5% contre les produits chinois) ont déposé un projet destiné à forcer la Chine à réévaluer le Yuan. Le noeud de la crise tient au déficit commercial US envers la Chine (232MM$ l’an dernier) et au blocage chinois sur ses services et sa finance.  

Un déclencheur de la crise, la semaine passée, a été la reprise groupe Xugong par l’américain Carlyle, dans des condi-tions moins favorable qu’à l’origine, suite à des pressions « hors-marché ». Conscient des risques, Pékin réagissait le jour même par la voix de son ambassadeur, Zhou Wenzhong, pour réitérer sa volonté de négocier. Le 30/03, elle assouplissait les règles d’import sur 338 produits, dont l’acier. Mais la mesure ressemble à l’adage «trop peu, trop tard » : Frank Lavin, sous secrétaire d’État, voit le climat commercial bilatéral « plus sombre que jamais », et estime que Pékin va en payer le prix politique.

 

 

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