La Chine fâchée avec ses fast-food américains
Y aurait-il une campagne contre le fast food américain ?
Mi-mars (VdlC n°12), KFC était accusé par la presse, d’avoir un additif potentiellement cancérigène dans son huile de friture. Début mars (VdlC 11), Starbucks était dénoncé pour son café au coeur de la Cité Interdite.
A présent (29/03), le quotidien Kuai Xinbao de Canton fait scandale en accusant McDonald’s, KFC et Pizza Hut de payer leurs marmitons temporaires en dessous de la grille de salaires minima en vigueur depuis janvier. Deux mois d’enquête sur les salaires des trois enseignes lui permettent d’épingler des émoluments oscillant autour de 5¥/h au lieu des 7,5¥/h réglementaires. Le Kuai Xinbao dénonce aussi le défaut d’assurance contre les accidents du travail et des horaires dépassant les limites légales. Plaidant la bonne foi, McDonald’s et Yum Brands (maison-mère de KFC et Pizza Hut) allèguent que les salaires évoqués concer-nent des emplois « scolaires » ou « universitaires », distincts du «temps partiel» et que la loi n’est pas claire. Pour ces deux groupes représentant 3000 restaurants et 200.000 employés en Chine, l’enjeu est fort : 80% de leurs emplois sont temporaires. Kuai Xinbao évalue l’économie salariale à 400M¥/an, soit « plus que leurs impôts ».
L’attaque est claire, de type nationaliste, accusant l’étranger d’exploitation du peuple. Le journal peut le faire parce que cet étranger est envié et visible, symbole de l’« American way of life », et donc plus vulnérable à la critique que les nombreux restaurants chinois, lesquels traitent leur personnel avec encore plus de désinvolture vis-à-vis de la loi…
Le grand « coup » britannique de Nanjing auto :
Il y a 20 mois, prenant par surprise son concurrent SAIC, Nanjing Auto Corp (NAC) rachetait MG Rover en faillite avec 2MM² de dettes.
Puis d’intenses spéculations circulèrent sur la capacité de NAC, doyen des constructeurs chinois mais de petite taille, à redonner vie à MG. D’autant que SAIC, ayant précédemment acquis les droits de production de 2 modèles Rover, lançait ses berlines Roewe–75 et 25, « made in China —ex-British », en octobre 2006. Mais le 27/03, pour son 60e anniversaire, Nanjing MG, filiale de NAC, sortait des chaînes ses propres modèles, la MG TF (roadster) et la MG7 (berline). D’ici 2012, dans son usine neuve (300.000m², 270M²), NAC espère vendre 200.000 voitures par an, de 18.000² à 40.000². NAC va rouvrir l’usine de Longbridge (Birmingham), et y produira 15.000 MG-TF/an pour le marché européen.
Il rêve aussi de produire aux Etats-Unis (d’ici mi-2008, à Ardmore, Oklahoma). Aux USA comme en Europe, cette stratégie coûteuse a pour but de faire percevoir MG comme marque locale et de qualité, validant ainsi sa production chinoise. Seul souci : d’ici 2012, il lui faut 300M², qu’il n’a pas. Début du mois, son PDG Wang Haoliang réclamait en vain à l’ANP son soutien pour un prêt d’Etat. A présent, Nanjing MG chercherait des investisseurs, et serait prêt à leur céder jusqu’à 50% de son capital. Une action dont dépend peut être la survie du projet !
Crédit Agricole déploie ses voiles
CITIC East China et Calyon Financial HK (groupe Crédit Agricole) ont signé le 26/03 leur 1ère JV.
Sous réserve d’approbation par la CSRC (China Securities Regulatory Commission), ces groupes financiers français et chinois ouvriront sur ce marché une maison de courtage de contrats à terme, la seconde de ce type en Chine, après celle créée en 2006 entre ABN-Amro et Galaxy, et la 1ère basée à Shanghai. Cette action permet à Calyon de tester un grand partenaire, et de se profiler sur ce marché neuf des « futures », inauguré en septembre 2006 à Shanghai.
En même temps, Credit Agricole Asset Management développe un autre produit, la gestion de fonds, avec un autre allié, l’ABC, la Banque de l’Agriculture. La licence de la JV est déjà accordée par la CBRC (China Banking Regulatory Commission), avec un tiers des parts à CAAM, 51% à la banque agricole chinoise et 15% à Chalco, le fondeur d’aluminium.
NB : le Français déploie ses voiles à un moment favorable, alors que 30% des épargnants vident leurs bas de laine en banque pour acheter des valeurs boursières, aujourd’hui plus lucratives…
Sommaire N° 13