Editorial : Chronique de la folie printanière…

Partout sur Terre, la débâcle de l’hiver provoque chez l’homme un temps de flottement, d’adaptation biologique qui suscite des actes imprévus, un bouillon chaotique d’initiatives libérées de la logique ordinaire. La Chine n’échappe pas à la règle, et a vu se dérouler sur son sol, la semaine passée, quelques faits divers hors normes !

A Shanghai, M.Ye, monte-en-l’air s’est fait attraper (27/03), pour vol de biens immatériels. «Par curiosité»,  il visitait les villas, et n’y dérobait que des heures de confort bourgeois. Il y prenait des bains, essayait pantalons et chemises, s’endormait dans les lits moelleux. Surpris à 2h du matin par un propriétaire, à regarder sa TV à écran plat 54 », il en prit pour un an !

 Le juge Feng aurait pu être l’auteur de sa sentence, si son tribunal n’avait été situé à Lishi (Shanxi,1100 km plus à l’Est), et si lui-même n’avait été embastillé le même jour. Dans un bordel désaffecté, Feng tenait depuis 2006 son casino clandestin. La police y surprit 122 notables de la ville…

Le mont Shizu (Henan), est en proie à des investisseurs en quête d’un record Guinness d’un goût douteux : ils y bâtissent un dragon de 21km, chiffre qui doit prouver la gloire retrouvée du pays au 21èmesiècle. Avec une tête de 30m de haut, un corps de 9x6m, il sera plaqué de 5,6M d’écailles de bronze et marbre, symbole voulu des 56 groupes ethniques du pays. Le mont est consacré à Huangdi, l’Empereur mythique de l’antiquité chinoise (-2697 à -2598 av. J.-C). Mais ces chiffres cabalistiques et l’inauguration voulue en 2009 pour le 60ème anniversaire du régime, montrent chez ces nouveaux riches, une volonté d’honorer le pouvoir. Mais la réaction des média et du régime est nouvelle : ils ne se privent pas de tourner l’affaire en ridicule – le chantier pourrait être abandonné. Toutefois, ce genre de folie des grandeurs n’a rien d’exceptionnel, en Chine !

Près de Pékin à Daxing, un centre de santé prend de la célébrité en arrachant ses malades à leur vice : l’internet. Y viennent, contraints par leurs parents, des surfeurs compulsifs, lobotomisés par leur station immobile devant le moniteur, jusqu’à 10h /jour en ligne. Moyennant 930²/mois, par un programme de sports, d’électrochocs et l’action de 60 psys et nurses, Daxing parvient à en sauver 70%. De ces épaves de la toile, la Chine compte 2,4M chez les seuls ados. Et ce n’est qu’un début !

Enfin, l’étude juste parue de Robin Munroe (GB) révèle que la Chine comptait 90.000 lits d’hôpitaux psychiatriques en 1993, dont environ 10% sous un  système Ankang, créé sous Mao, pour «soigner» les dissidents. Ankang aurait décliné dans les années ’90, puis connu un regain en 1999 avec l’explosion de la secte Falungong décrétée ennemie du régime. Dernièrement, Pékin donne des signes de vouloir se distancier de cette pratique indéfendable, tout comme la peine de mort et les prélèvements non volontaires d’organes : démontrant par là-même son souci de changer d’image !

 

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