Du 26 au 28 mars, en visite en Russie, c’était le temps, pour le Président Hu Jintao et Vladimir Poutine, de faire le point avec sur leur partenariat stratégique. Une relation basée sur la complémentarité de leurs économies, malgré la crainte ancestrale russe de voir son voisin s’établir dans sa Sibérie désertique et moins développée.
« L’année de la Chine » en Russie, programme d’échanges artistiques, a été lancée en grande pompe. 21 contrats ont été signés, pour un total de 4MM$, portant sur le pétrole (cf article ci-contre), la livraison de 480M$ d’acier russe et d’autres projets miniers. Les deux géants ont réitéré le voeu, pas toujours convaincant, de renforcer la collaboration tous azimuts, des infrastructures à l’écologie, en passant par le sport. Hu Jintao s’est engagé à investir 12MM$ en 12 ans sur les infrastructures russes. Effort relativement peu intense, ventilé sur de longues années, permettant de voir venir. Ceci n’em-pêche pas les échanges de progresser à vive allure, ayant quintuplé depuis 2000 pour atteindre 33,4 MM$ en 2006. Et Hu Jintao d’espérer atteindre 60 à 80MM$ d’ici 2010, tout en soutenant une adhésion rapide de la Russie à l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce.
En diplomatie, les deux souhaitent enrayer l’« hégémonisme » des Etats-Unis.
Afin de bloquer la pénétration américaine en Asie centrale et généralement toute velléité de containment américaine, ils tissent leur alliance au sein de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai), outil de lutte contre le terrorisme et le séparatisme islamistes, et renforcent leur collaboration militaire. En présence des deux chefs d’État, les prochaines manoeuvres communes auront lieu du 18 au 25/07 à Tcheliabinsk. Confrontés à la course nucléaire de l’Iran, bien qu’ayant voté la résolution 1747 au Conseil de Sécurité de l’ONU (25/03), ils continuent à user de tout leur poids de membre permanent pour adoucir les sanctions : ici aussi, dans le souci de maintenir comme leur zone d’influence exclusive le régime des Mollahs, qui est aussi une des 1ères sources d’or noir du monde.
Malgré les apparences, la relation sino-russe reste gelée par les méfiances du passé. Le dernier accord spatial invite un satellite chinois à bord d’un lanceur russe vers Mars et sa « lune » Phobos en 2009. Avec une lourde restriction : interdiction aux experts chinois d’accéder aux ateliers et laboratoires russes. L’esprit de cette collaboration spatiale résume l’ambiance générale : investissement politique, mais le coeur n’y est pas !
Sommaire N° 13