Temps fort : Un vieux rêve chinois, voler de ses propres ailes

Le 26/02, le Conseil d’Etat a repris un rêve de 40 ans : créer un avion gros porteur (plus de 150 places) 100% chinois. Avec l’implication des groupes AVIC I et AVIC II, une société « concept » recevrait 5 à 6MM² d’enveloppe initiale pour un projet de construction à présenter d’ici 2010. Un consortium public-privé prendrait le relais, pour une sortie commerciale en 2020. Pragmatiquement, des coopérations extérieures seront acceptées, là où la Chine ne saura pas faire. L’objectif est clair : récupérer pour la Chine une part d’un marché intérieur évalué à 2900 appareils d’ici 2025 (pour 262MM²), puis concurrencer Airbus et Boeing sous tous les cieux du monde.

Ce n’est pas la 1ère fois que Pékin tente ce pari stratégique.

Dès les années ’70, elle lançait le projet Shanghai Y-10, clone de 10 Boeing-707 acquis en 1972. Faute de base technologique, 10 ans d’efforts ne permettaient de sortir que deux appareils, obsolètes d’emblée, sans acquéreurs. Tirant la leçon de son échec, Pékin s’orientait 2 ans après (1985) vers une JV avec l’américain McDonnell Douglas pour construire le MD-90 issu du bon vieux DC-9. Là encore, le projet tourna court, car les US constatèrent après 10 ans un détournement d’outillage à des fins militaires.

3ème essai : au tournant du siècle, AVIC- I (l’héritier de CATIC (China National Aero-Technology Import & Export Corp), le partenaire de MDD) reprenait la technologie léguée par MDD, pour bâtir un petit porteur (78 à 105 places), l’ARJ-21, très inspiré du DC-9. Initialement prévu en 2005, le 1er vol attendra 2008 : 40% du projet, et les organes essentiels (avionique, cockpit…) ont été délégués à des firmes US. Pendant ce temps, de son côté,  AVIC-II ouvrait à Harbin en 2004, avec Embraer (Brésil), une JV de montage du biréacteur de 50 places ERJ-145.

L’assimilation des techniques étrangères est aidée par Pékin, qui impose, en retour de ses commandes d’Airbus et de Boeing, toujours plus de sous-traitance pour ses deux AVIC, une participation à la recherche et construction des derniers modèles (A-350, A380, Dreamliner), et même, pour cette année, la 1ère chaîne de montage de l’A320 hors d’Europe, à Tianjin.

Armée de cette expérience, de son marché intérieur « patriotique » et de ses réserves financières, la Chine se donne le temps pour mettre en place ce qui lui manque encore : un service d’entretien, de service après vente sur les cinq continents, et fondamentalement, une image sans faille de fiabilité.

 

 

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