A la loupe : Taiwan : l’identité nationale se forge

Leader du Democratic Progressive Party (DPP), Chen Shui-bian a succédé depuis l’an 2000 comme président de Taiwan, à un Kuo Min Tang corrompu et usé par 50 ans de pouvoir. Mais quoique réélu en 2004, Chen et son parti autochtone-indépendantiste se sont très vite retrouvés atteints des mêmes stigmates : depuis septembre dernier, une frange importante de l’opinion réclamait sa démission. A 14 mois de la fin de son mandat, avec 20% des voix, il n’incarne plus, chez la base, les espoirs de démocratie et d’une nation légale.

Or, quoiqu’il soit «attendu» par la justice une fois levée son immunité, voilà qu’il «fonce» contre toute attente, multipliant les actions pour reprendre la main, polir son image et laisser un héritage. Subtilité: tout en tenant sa quadruple promesse de l’an 2000, de maintien du statu quo à l’égard de Pékin,Chen a multiplié les initiatives et beaucoup fait pour mûrir l’identité nationale, préparant l’île à l’indépendance.

Parmi ces « petits pas » :  la suppression du nom de « Chine » des administrations et sociétés publiques, la purge des références chinoises dans les manuels d’histoire, l’apparition des 1ers timbres au nom de « Taiwan », le déboulonnage des statues de Chiang Kai-chek. Dernière action, chargée de symbole: un projet de loi linguistique, débattu au Yuan législatif (Parlement) depuis le 20/03, qui consentira le même statut à l’école et à la TV, au taïwanais (minnan hua) et au hakka, qu’au mandarin, la langue officielle depuis 1949. Pour l’avenir, sont dans les cartons un projet de nouvelle constitution et de « 2e République », et le passage d’un régime présidentiel vers un régime parlementaire. Au plan diplomatique, Chen nomme (18/3) Joseph Wu, un des meilleurs politologues locaux, ambassa-deur (informel) et avocat de l’île à Washington : c’est le 1er membre du DPP à assurer cette fonction.

Contestée et redoutée du KMT, cette politique  porte ses fruits. Dans un sondage réalisé par le DPP, 69% des citoyens voient en Taiwan  « un pays souverain et indépendant, et non une partie de la Chine », 71% veulent une entrée à l’ONU sous le nom de Taiwan, tandis que seuls 16,8% s’identifient comme « Chinois », contre 23,2% cinq ans auparavant.

Autant de résultats donnant au DPP l’espoir de rebondir à l’approche des élections. En face, au sein d’une droite divisée en multiples tendances individualistes (et en candidats), Ma Yin-jeou, leader et favori de ce scrutin, a fort à faire pour se distancer de son embarrassante inculpation de corruption.

 

 

 

 

 

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