Pol : Port: citadelle chinoise au Proche-Orient

Tensions sociales…

     En préparatif du XVIIe Congrès, et face aux JO qui s’en viennent, la pression politique s’accentue sur la société.

La mairie de Pingdu (Shandong) demande à ses employés (16/03) de « contrer » la libéralisation offerte à la presse étrangère, en taisant les mauvaises nouvelles. Zhou Yongkang, ministre de la police, avertit ses hommes de débusquer les «forces hostiles», sectes ou séparatistes (21/03). D’autres règlements «provisoires» sont annoncés pour renforcer dans Pékin durant les Jeux la surveillance des ondes radio et des lieux publics à partir de 10ainesde milliers de caméras.

Internet essuie déjà une surveillance drastique :  8 web-TV ont fermé depuis septembre(dont CCZTV, le 20/03), pour diffusion de reportages sans licence. Aegean Sea, portail de nouvelles, avait été fermé en septembre : Zhang Jianhong, son éditeur est condamné à Ningbo (Zhejiang, 19/3) à six ans pour «subversion» et «diffamation de la nation». Le 24/02, Zong Fengming (87 ans), est arrêté pour avoir publié à HK les Conversations emprisonnées posthumes de Zhao Ziyang, l’ex-1er Secrétaire mort l’an passé en disgrâce.

Face à cette pression publique pourtant, la contestation ne faiblit pas. Les procès de journalistes contre l’État se multiplient, comme celui intenté en diffamation par Sheng Xueyou, pigiste pékinois, contre un cadre de la mairie de Qitaihe (Heilongjiang); ou celui de Dai Huang, 79 ans, contre la censure de ses mémoires (en 3ème tirage !). Enfin, après l’émeute de Yongzhou la semaine passée (VdlC n°11), quelques centaines de manifestants bloquent les trains à Guixi (Jiangxi, 22/03) par peur de coupes de salaires et pensions. Toute cette agitation dans la marmite explique les tours donnés au couvercle.

 

Dérapage de Shinzo Abe : Pékin ferme les yeux

     En apparence, le 16/03, Shinzo Abe, 1er Ministre nippon a commis un impair en contestant que durant la guerre coloniale (1937-45), des Chinoises avaient été forcées pour plaisir des soldats du Mikado.

A Pékin, Wen Jiabao a d’ailleurs réagi en réduisant de 5 à 3 jours sa visite prévue pour avril. Mais cette «foucade» après 6 mois d’efforts pour se réconcilier est aussi peu compréhensible que la tolérance de Wen, après des années de campagne de colère publique anti-nippone.

Notre interprétation : Abe donne de la face aux ultra-nationalistes, pour leur compenser leur vaine attente qu’il reprenne les visites de son aîné Koizumi au sanctuaire de Yasukuni, un geste qui mettrait le feu aux poudres.  Cette compensation a pu être convenue avec Pékin.

Par ailleurs, 20 historiens des deux pays ont siégé deux jours (20-21/03) pour tenter de dégager une vision partagée de l’histoire. Sans succès, mais avec un agenda de poursuite des travaux. Ailleurs, deux lois se préparent à la Diète (Parlement), visant la protection des firmes pétrolières off-shore du Japon qui opèrent dans sa « zone maritime exclusive » contestée par Pékin. Mais ce geste ne fait qu’accélérer le besoin d’un accord bilatéral, sans envenimer les rapports. Wen viendra à Tokyo vers le 11/04 pour « fondre la glace », en réponse à la visite d’Abe en octobre à Pékin.  Les deux hommes assisteront à une séance d’opéra chinois, et Wen exprimera ses amitiés directement aux élus de la Diète.

 

Port : Citadelle chinoise au Proche Orient

 Au Pakistan, près du détroit d’Ormuz (frontière d’Iran), le port de Gwadar a été inauguré le 20/03.

D’un coût de 248M$ payés à 80% par la Chine, concédé pour 40 ans à PSA Int’l (Ports & Services Authority, filiale de Temasek, le bras commercial de Singapour), c’est un port stratégique en eaux profondes, au coeur des deux-tiers des réserves pétrolières mondiales. Il permettra à la Chine de sécuriser sa route maritime du Moyen-Orient, d’Iran, d’Asie Centrale et d’Afrique, en évitant le dangereux détroit de Malacca, 2000km plus bas.

Un terminal pétrolier se construit, flanqué d’un futur axe ferroviaire, routier et d’un oléoduc à destination de Kashgar (Xinjiang), à travers tout le Pakistan. Une raffinerie, un complexe pétrochimique et un aéroport sont aussi négociés. Pour le Pentagone, la Chine, par ses alliances, enfile patiemment un collier de perles de l’Océan Indien au Golfe Persique (Chittagong au Bengladesh, ports en Birmanie etc.) ports « commerciaux » pouvant aussi accueillir sa marine militaire. Cela dynamite les rêves américains de « containment » naval de la Chine, et inquiète l’Inde, voyant le rival prendre pied dans sa zone d’influence !

 

 

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