Editorial : Planète bleue—Pékin, le monde, et Mère-nature

La Chine dévore 15% de l’énergie du monde, mais ne crée que 5,5% du PIB global : prix à payer pour son rôle d’usine du monde, low-cost. C’est Ma Kai, patron de la NDRC (National Development and Reform Commission) qui l’avoue au Forum national de Développement à Pékin (19/03). Et c’est le signe d’un pouvoir résolu à changer de croissance.

Le même jour, à Potsdam (Allemagne, 19/03), au sommet des  8 puissances économi-ques et de 5 autres grands pays émergents, (ensemble, auteurs des 2/3 des 3MMt /an de gaz à effets de serre), le ministre de l’environnement Xie Zhenhua confirme l’adoption imminente d’un plan national de lutte contre le réchauffement global. D’ici 2010, il vise une épargne de 20% de l’énergie, la poussée du renouvelable de 6% à 10% (16% en 2020), et l’exploitation minière de 10MMm3 de méthane de charbon, contre 200Mm3 en 2006. La Chine revendique 37.000 MMm3 de ce gaz, ou les troisièmes réserves mondiales…

Mais ce tableau idéal est terni par 2 ombres :

[1] Les experts réfutent le réalisme de tels objectifs, ne serait-ce que parce que dès cette année, et non en  2009 comme prévu, la Chine va devenir le 1er émetteur de CO², tandis que les décès pour insuffisance respiratoire explosaient, signe de recul de la qualité de l’air, cachée par la statistique socialiste. Un mauvais message, est l’abandon «provisoire» du PIB vert (taux de croissance corrigé par les dégâts sur l’environnement), suite à la fronde des 10 régions du projet pilote.

[2] Pékin se garde d’accepter une réduction contraignante de ses émissions de gaz à effet de serre après 2012, que les Etats doivent négocier à Bali en décembre 2007. Un tel geste de la Chine, même modeste, permettrait de convaincre d’au-tres pays réfractaires pour la suite du protocole de Kyoto, USA en tête. Mais Pékin botte en touche, réclamant des pays de l’Ouest un transfert systématique des technologies environnementales…

Sigmar Gabriel, ministre allemand de l’environnement, rêve, lui, qu’Etats-Unis et Europe puissent offrir aux pays émergents, en échange d’engagement de réduction d’émission de CO², des concessions agricoles au prochain round de Doha de l’OMC -un démantèlement des protections de leur agriculture. 

C’est bien sûr aussi ce qu’attend Pékin, qui vient de s’associer, dans ces négociations, au club des 14 pays membres les plus récents, dont Vietnam et Taiwan! Les 14 veulent limiter l’effort de coupe de leurs tarifs doua-niers agricoles à la moitié de ce qu’auront consenti les pays les plus pauvres, sous prétexte d’avoir déjà fait l’effort tarifaire au moment de leur adhésion. Ils veulent également garder leur droit de subventions aux paysans pour la Chine, plafonc à 8,5% du PIB agricole.

Autant dire que tant sur l’OMC verte que sur Kyoto-II bleu, la communauté internationale reste très divisée. Mais les savants constatent que cet hiver fut le plus chaud consigné dans l’histoire. Si la tendance se pour-suit, sans un seul geste de l’humanité pour changer son mode de vie, l’Allemagne prévoit, rien que chez elle, des pertes de 900MM²/an : espérons que d’ici-là, Mère-nature aura su nous mettre d’accord !

 

 

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