Qui ne se souvient de la ritournelle de Joe Dassin, sur cette amourette des faubourgs, entre un grand niais et une vendeuse de petits pains au chocolat ?
Servi par le hasard, Le VdlC a le plaisir de vous en offrir à présent une version chinoise, à la sauce du Yunnan. Ce grand dadais de Zhiyuan, ingénieur élec-tronique à Kunming, soupirait pour Ling, la vendeuse de galettes et de mantou de son quartier. Mais timide maladif, rougissant rien que d’y penser, il avait conçu ce moyen moins risqué (croyait-il) d’aborder sa belle : en l’appelant sur son portable, ayant obtenu son numéro d’un ami commun.
Malgré ce climat émollient et tropical, les choses débutèrent mal : tandis qu’il sonnait anxieusement, Ling refusa de prendre l’appel d’un inconnu. Les jours suivants il relança, par SMS :elle resta de glace :
–on se connaît ? -moi oui, de vue -d’où çà ? -de ta boutique… Cette réponse la plongea dans une perplexité visible :
–mais quelle boutique ? -aucune importance, je veux juste chatter…, fit Zheyuan, fuyant -sentant qu’il tenait le bon bout… Pendant des mois, il fit ainsi sa cour virtuelle, avec succès croissant : de voeux en poèmes, Ling se dégela… En fin de compte, c’est elle qui lui donna rendez-vous au café du coin, et lui assigna de porter une rose, pour le reconnaître.
Ce fut alors l’instant de tous les dangers – ça passe ou ça casse ! Car la fille qui apparut à Zhiyuan, (voix mise à part) lui était inconnue, et elle se présenta à lui, non comme Ling, mais comme Yingzi. Ébahi, il cria à l’imposture, tandis qu’elle, indignée, ripostait en brandissant les SMS du volage, avant de s’enfuir, offensée !
La faute revenait à l’ami farceur, qui avait donné à Zhiyuan le numéro d’une autre… Cependant entre-temps, le cerveau troublé de l’informaticien tournait comme l’éclair.
Avec cette Yingzi – puisque Yingzi elle s’appelait – les mois passés sur SMS avaient été heureux. Leur affinité ou « attraction magnétique à 500km » (you yuan qian li lai xianghui, 有缘千里来相会), était incontestable. Et elle était secrétaire informatique – métier proche du sien…
Tandis que Yingzi retirée sous sa tente, attendait le verdict en tremblant, Zhiyuan attendit un mois, pour sauver la face, avant de retourner à elle, et lui démêler tout ce micmac : ils se sont mariés à la fête du printemps !
Sommaire N° 12