En dépit des voeux pieux de refroidissement, la surchauffe se porte bien. A 23,8MM$, l’excédent commercial de février est décuplé, sustenté par un export colossal (+51,7%, 82MM$), qui repose sur l’acier, l’électronique et l’habillement.
Cette croissance si rapide excite l’inflation : +2,7% depuis février dernier, près de la cote d’alerte. Celle-ci est imputée à l’alimentaire, du fait de la hausse de l’énergie et de celle des salaires urbains. Aussi voit-on exploser le prix des oeufs (+30% sur un an), de la viande (+15,4%), de l’alcool et des loyers… Ce phénomè-ne serait aggravé s’il n’était contenu par la surproduction et la guerre des prix industriels, constatée sur 70% des 600 biens de consommation de l’indice. Face à cette situation volatile, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque nationale – la BPdC –, veut maintenir la fluctuation du ¥, dans son carcan des 0,3% maximum par jour.
Pour enrayer la pression à la hausse du ¥uan, l’Etat poursuivra l’usage de ses outils homéopathiques : relève des taux d’intérêts, des réserves bancaires aujourd’hui à 10%. Le but : éponger l’excédent de liquidité, et calmer l’emprunt qui atteignait 98MM² en janvier-février, soit 30% des prêts de tout 2006. Mais les experts s’inquiètent de la compatibilité du programme « écologique » et « qualitatif » du pouvoir, face à cette surchauffe pas vraiment combattue : quelle chance reste-t-il aux projets d’amélioration de la rentabilité énergétique, de baisse de la pollution?
Echaudés par 232,5MM$ de déficit bilatéral, exigeant une réévaluation sérieuse, comme seul vrai remède, les USA resortent leur épouvantail d’une taxe de 27,5% sur l’import chinois. Pékin se défend : son export, c’est l’étranger, avec 110MM$ d’export « américain » de Chine l’an dernier. Pékin promet aussi de continuer à acheter des bons du Trésor américains, finançant ainsi le déficit US. Cette parole sera d’ailleurs évidemment tenue, puisque ses réserves en devises, de 1070MM$ fin 2006, tripleront d’ici 2010… Enfin (3ème réponse), elle précise l’imminence de Luihui, sa nouvelle agence nationale d’invests au capital de 250MM$, dirigée par Lou Jiwei, qui appaisera la tension à la réévaluation en ventilera ces fonds sur les marchés mondiaux, sur les autres monnaies et économies !
Enfin, le ministre du commerce Bo Xilai contre-attaque sur le front de l’OMC et de la ronde de Doha : USA et Union Européenne portent la responsabilité du blocage, par leur incapacité à ouvrir leurs marchés verts et à sacrifier leur agriculture en cessant de le subventionner. Bo rappelle qu’il ne taxe qu’à 15% les imports agricoles, contre 60% dans le reste du monde. Bo rappelle ainsi les immenses ambitions chinoises en export vert – mais pour Doha, pour l’heure, aucun espoir de sauvetage !
Sommaire N° 11