Au Parlement, une ex-championne fait sensation en défendant une autre…
Ye Qiaobo, patineuse, 1èremédaille chinoise aux JO d’hiver (Albertville 1992), a eu de la chance : ayant repris ses études, elle est édile à la CPPCC, (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois) « l’ANP-bis ». Zou Chunlan, haltérophile a fait moins bonne pioche : à 35 ans, avec 14 médailles dont un or olympique, elle est masseuse misérable, plombée de blessures, d’hormones (qui lui font pousser une barbe), et par son niveau scolaire de 13 ans.
Aussi, Ye Qiaobo tente de faire d’une pierre deux coups : dépanner Zou, et lancer la réforme du système sportif. Dans un projet remis au Comité sportif de la CCPCC, elle propose que les ex-athlètes soient traités comme les soldats en retraite (train 1/2-tarif, soldes de mutilés, impôt allégé). Elle réclame pour ses frères et soeurs les 9 ans d’instruction obligatoire, l’accès aux universités, l’assurance retraite, et des primes aux firmes qui les recrutent.
Zou est une des 279.000 victimes du programme national « Tout pour l’honneur » : des jeunes arrachés à leurs écoles et familles, dressés comme sportifs, puis relâchés vidés de leur sève, dans une société devenue ultra-compétitive. Ils sont 15.000 à prendre leur retraite chaque année, 30 à 70% d’une armée de sportifs professionnels (50.000 nouveaux par an). D’où le rejet, de plus en plus, par les parents, de cette voie littéralement « casse-cou » et sans plan de carrière : Zou l’haltérophile, affirme que si jamais elle est mère, ses enfants ne seront pas athlètes, et Cai Zhenhua, patron du tennis de table chinois le confirme : la source des vocations se tarit !
C’est le système entier qui est sous la loupe. Lourde et idéologique, une Commission nationale des sports régente des athlètes, dépossédés de leur empire, sans autonomie ni même droit de conserver leurs cachets de pub. L’Etat investit sur eux pour sa propre gloire, mesurée en médailles d’or. Dès qu’ils ne produisent plus, il les abandonne, sans assumer la suite. Aux élus, Ye propose donc de remplacer cette approche par « l’esprit olympique » et l’ouverture aux masses.
NB : ce que Ye implique, sans le dire, est le retour de la gestion du sport aux sportifs, par le biais de fédérations autonomes, la fin de la conception stalinienne du contrôle des masses. Un discours très écouté, alors que s’approchent les Jeux Olympiques de Pékin !
Sommaire N° 11