Chine-Afrique: séduction et réticences
Distribution des cadeaux par Li Zhaoxing, le ministre des Affaires étrangères, entre Bénin (chèque de 36M$), Guinée Equatoriale (annulation de 75M$ de dettes), République Centre-africaine (11M$), Tchad (26M$), Guinée-Bissau (4M$, un Parlement tout neuf, promesse d’un barrage)…
Les relations avec l’Afrique ont fusé l’an passé, surtout au Sommet Sino-Africain de novembre (cf VdlC 35/XI), tandis que les échanges (ressources naturelles contre produits bas de gamme) frisaient les 50MM$ – ils devraient doubler d’ici 2010! Faisant chorus avec les banques internationales, les pays occidentaux déplorent l’absence de conditions aux prêts fournis à des régimes souvent corrompus ou dictatoriaux. La Chine réplique que le 1er droit de l’homme, est de manger. Mais voilà que des Africains embouchent à leur tour la trompette critique de l’Ouest. Thabo Mbeki, Président d’Afrique du Sud réclame des « rapports égaux », et prévient contre le risque de « dupliquer une relation de type colonial avec la Chine —si les matières 1ères filaient sans apporter de développement, tandis que les produits chinois tuent l’artisanat local… A l’évidence, entre Chine et Afrique, un état de grâce s’achève : le temps des comptes approche!
Corruption
Entamée l’été 2006, la campagne anti-corruption poursuit sa route. Le 30/12, Du Yisheng, n°2 du Shandong est démis de ses fonctions. Le 31, procès de Wang Youjie, n°2 du Parlement du Henan. Le 2/01, enquête contre Zheng Xiaoyu, l’ex-patron de la State Food and Drug Administration (SFDA) accusé d’avoir licencié contre bakchich des aliments toxiques… Le pouvoir durcit sa pression. Dans 80% des cas désormais, le procès se tient loin du fief de l’accusé, pour éviter le risque que ses amis n’enterrent l’affaire : Wang Youjie est jugé au Hubei, à des centaines de km. Idem, le contre-amiral Wang Shouye est condamné à mort en avril -commué à la perpétuité en décembre. Hélas, ces efforts de crédibilité sont anéantis par le refus de transparence: toutes ces actions restent secrètes ! On ne touche pas à l’image du Parti, ni à la solidarité de ses membres face à la loi et à la société.
Enfin, comme nous l’annoncions dès oct. suite au scandale du Fonds de pension de Shanghai, 9 fonds provinciaux (Heilongjiang, Jilin, Shanxi, Shandong, Henan, Hubei, Hunan, Xinjiang et Tianjin) ont dû remettre leur caisse au Fonds National, action maquillée, pour la face, en «contrat d’assistance en gestion». En plus de ses 25MM$ propres, le Fonds national va gérer 1,3 MM$/an pour leur compte, à 3,5% d’intérêt garanti. Tout profit supplémentaire ira en «provision pour éponger d’autres pertes futures» : une manière comme une autre, d’éradiquer la corruption!
Extradition : Paris saute le pas
Après l’Espagne en avril, la France devient le 2d pays d’Europe à convenir avec la Chine d’un accord d’extradition mutuelle—
Bizarrement, le moins pressé des deux était la Chine. Désormais, sous certaines conditions, les personnes recherchées par un pays, ne trouveront plus refuge dans l’autre. Inconvénient : Amnesty International et d’autres organisations des droits de l’homme s’inquiètent légitimement car la Chine n’est pas encore un pays démocratique. Mais les «délits » politiques présumés sont exclus du champ.
D’autre part, la coopération juridique sino-française va de l’avant et quitte le domaine de la protection des intérêts économiques, dans lequel elle se cantonnait frileusement jusqu’alors !
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