Joint-venture : Danone : come back dans le yoghourt

Danone : come back dans le yoghourt

Il y a 15 ans, Danone comme beaucoup d’autres (Kraft, Parmalat), tentait en vain de faire découvrir aux Chinois le lait et ses dérivés : Pékin avait d’autres projets pour cette filière dont allaient dépendre des M de paysans. A grand renfort de subventions, il créait ex-nihilo des super géants surprotégés comme Yili. Réaliste et clairvoyant, tout en abandonnant provisoirement cette « vache sacrée », Danone en Chine s’était replié sur l’eau et le biscuit… Puis il revenait sur le lait, prenant 11% puis 20% de Bright (à Shanghai, n°4 national)…

A présent (18/12), retour case départ : Danone prend avec le n°1 national Mengniu (1MM² de ventes en 2006), 49% d’une JV laitière à 160M² ! Le groupe mongol met dans le chaudron trois de ses 20 laiteries (Pékin, Hohhot, Maanshan), Danone y ajoutant son savoir-faire, son marketing et du cash. L’ambition est de s’imposer à travers toute la Chine en yoghourts à haute technologie, (comme il l’a fait dans ses biscuits, à haute valeur nutritionnelle). Le marché est glorieux, avec 25Mt de produits laitiers consommés l’an passé, et plus de 30% de croissance constante.

NB:Si Mengniu prend ces risques, c’est qu’il est à présent n°1 national, vendant pour 1MM² en 2006 (+50% de croissance), et compte déjà un grand partenaire, le scandinave Arla (dans le lait en poudre). Danone par ailleurs, mène une politique des « petits pas », non confrontationnelle, qui rassure ses partenaires dont Wahaha, n°1 de l’eau, contrôlé à 30%, et Huyan, n°1 des jus.

Minerai — flotte sino-brésilienne

L’an dernier, le brésilien CVRD (Companhia Vale do Rio Doce) était chargé par le cartel du minerai de fer, d’imposer aux Chinois la hausse mondiale de 19% des prix, après celle de 71% en 2005. Peu rancunier ou plutôt réaliste, Shougang, le groupe de la capitale et n°5 du pays (13Mt /an) s’allie à son «bourreau » d’hier CVRD pour acheminer la précieuse roche jusqu’à son futur port de Caofeidian, à 225km de Pékin. Par contrat à long terme de 2004 à 2012, Shougang achète 15Mt/an à CVRD —gros client!

Avantage: en mer de Bohai, Caofeidian est le port en eau profonde du nord du pays, capable d’accueillir des minéraliers de 300.000t au lieu des 200.000t actuels. CVRD compte faire en construire au moins 10, épargnant jusqu’à 50% du transport. Il co-financera aussi à Caofeidian une usine de broyage du minerai, tandis que Shougang envisagerait d’investir chez CVRD au Brésil, dans l’extraction… 

Délocalisation, Londres perd son flegme

Icône du luxe britannique, synonyme de l’imper chic,  Burberry a faut un pas trop loin, en prétendant fermer son usine galloise de Treorchy en décembre pour transférer les 300 jobs en Chine.  D’ordinaire, la Grande-Bretagne délocalise sans sourciller. Mais cette fois, la coupe était pleine: le groupe n’avait aucun souci financier, ayant réalisé 84M£ de profits en 2006. Et avec Burberry, c’était l’Empire britannique qui habillait le monde —pas l’inverse !

Comme d’autres pays d’Europe, la Grande-Bretagne connaît un malaise de «outsourcing», qu’il fallait exprimer : Burberry en est l’occasion. Quoique le groupe, sentant le vent tourner, ait reporté à mars la fermeture, Peter Hain, secrétaire d’Etat au Pays de Galles, convoque pour février les PDG John Peace et Angela Ahrendts, devant la Chambre des Communes. Mais que peuvent espérer opinion et Etat, face à l’appel si violent de baisse des coûts?

NB : A une autre échelle, ce réflexe britannique rappelle la réaction de l’Ouest dans la ronde de Doha de l’OMC, face à l’exigence des pays émergents, d’ouvrir leurs marchés agricoles. Pour l’Occident, cesser de soutenir ses fermiers, c’est les tuer : UE et USA admettent aujourd’hui des limites à leur propre crédo de la loi du marché, et prétendent coûte que coûte maintenir en vie un métier, part inaliénable de leur patrimoine, de leur passé!

 

 

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