Pour la session de l’ANP (l’Assemblée nationale populaire), les hommes du programme spatial chinois devraient porter le front haut, vu les succès engrangés – orgueil de la nation.
Pourtant, les nouvelles sourdant du Grand Palais du Peuple évoquent une humilité atypique.
Témoin ce verdict judiciaire contre Li Jianzhong (69 ans), patron de la CALVT (China Academy of Launch Vehicle Technology) de 1994 à 2000 (entité chargée de fournir les moteurs de la fusée «Longue Marche»). Convaincu d’avoir volé 20M$ (variante du «syndrome des 59 ans», où les cadres au bord de la retraite, prélèvent sur le denier public une poire pour la soif), Li écope de la perpétuité (7/3).
Pékin annonce ce verdict en pleine session, pour bien montrer qu’en cas de corruption, le Parti sait châtier même ses élites. Mais parlant de ce corps de scientifiques, gâté et symboliquement porteur de vertus socialistes, la pilule est amère !
Autre contretemps : on apprend que le prochain lancement, Shenzhou VII prévu pour avril 2007, serait reporté de 6 mois, le temps aux cousettes spatiales d’assembler les tenues de sortie dans l’univers. Un autre programme de mise sur orbite lunaire d’un satellite Chang’e 1 est maintenu pour avril 2007, mais pas d’alunissage habité avant 2020 !
La Chine garde un copieux retard technologique sur US ou Russie, comme l’admet Luan Enjie, commandant du programme : (rattraper en 10 ans), « il serait ridicule, même d’y penser !» Il est vrai que l’investissement pour mettre un Chinois dans l’espace n’est pas lourd, «à 140M², soit 14km d’autoroute.» Mais le propos est humble. Comme si, dans ce programme spatial, les savants prenaient le pas sur les commissaires politiques : back to reality !
Sommaire N° 9