Présentant le 5/3, le 11. Plan (2006-2010) aux députés, le 1er ministre Wen Jiabao affirma qu’il équiperait sous 5 ans les campagnes, en écoles, hôpitaux, banques et commerces bon marché.
Pourtant, les édiles restèrent de marbre : au-delà des crédits annuels promis (34MM²), manquaient les outils politiques à hauteur du défi. Pas de réforme du droit du sol. Pas d’écrémage de l’administration pléthorique, ni de contrôle de sa gabegie systémique, ayant dévoré en 2005, 30MM² en frais de transports, 25MM² en missions à l’étranger et 20MM ² en «loisirs». Face à tels excès, les crédits aux paysans faisaient pâle figure !
Mais le socialisme moud lentement ses surprises. Le 8/3, le Quotidien du Peuple révéla un plan de promotion des leaders provinciaux, en fonction de leur cote d’amour, mesurée par sondage (embryon de suffrage universel) !
Pour ces promotions, le critère n°1 serait le talent à redresser les injustices sociales. Le plan est très vaste, avec 100.000 cadres à permuter, dans toutes les provinces, d’ici 2007.
Il est aussi question de changer le règlement des expropriations. A usage collectif, la compensation sera supérieure au prix agricole. A usage commercial, elle se fera au prix du marché. L’Etat prétend interdire le détournement du sol par le cadre, mais sans dire comment, ce qui laisse pour l’instant un goût de velléité. Ces demi-réformes préparent le XXVII. Congrès de 2007. D’ici là, l’appareil devrait être rajeuni, et sélectionné pour sa compétence, sa moralité, et son goût du risque : prêt, espèrent Wen et Hu, à entériner des virages idéologiques à 180°, telle l’introduction d’un droit foncier privé, de l’autonomie financière des villages, ou d’élections urbaines.
Ainsi, le gouvernement s’est donné une philosophie provisoire pour gérer ses problèmes : retarder la réforme, la remplacer par la promotion des cadres, et préparer le Congrès du grand chambardement .
NB : Cette session détonne aussi par une impatience nouvelle envers l’étranger – comme si la Chine commençait à ressentir les limites de sa politique d’ouverture.
Li Deshui, chef des statistiques, foudroie les acquisitions d’actifs par les multinationales—leur pollution et leur vigilance à sauver leurs privilèges fiscaux. Ji Baosheng, Président de l’université Renda leur reproche le rachat en 2005 pour 370 MM$ de grandes entreprises d’Etat en bourse étrangère. Chen Wanggang, du CPPCC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois), évalue à 3MM² /an leur évasion fiscale… Arguments populistes, vaguement xénophobes, qui expriment l’incertitude, l’angoisse face aux lendemains !
Sommaire N° 9