Editorial : Wen Jiabao à l’ANP : ‘changer la vie, respecter les voeux du paysan’!

La police nerveuse, la censure forte des derniers mois rendaient toute démocratisation illusoire : or la session annuelle de l’ANP – le Parlement (5-15/3)  s’ouvre sur un ton fort imprévu de « printemps dans l’hiver », pour paraphraser l’écrivain Ba Jin !

Dimanche à Pékin, le 1er min. Wen Jiabao, en son discours de « l’état de l’union », a manié un verbe modéré et transparent. Durant ces sessions, il est traditionnel de pourfendre Taiwan : chose d’autant plus facile, cette fois, que son Président Chen Shui-bian venait de dissoudre l’organe insulaire destiné à la réunification. Pourtant Wen, comme sûr de sa force, se contenta d’affirmer que «quiconque tenterait de freiner la réunification…en serait pour ses frais» !

Idem, Wen omet de citer les anciens hommes forts, hier incontournables, Deng Xiaoping, Jiang Zemin ou Mao Zedong. Par contre, il assume les déséquilibres et erreurs de son cabinet et promet de lutter contre le « formalisme » et la « corruption » du cadre, dont il suggère l’arrogance et l’arbitraire! 

Wen demande aussi à la population de se mobiliser sous un nouvel esprit, moins grégaire et plus dynamique, et respecter les voeux du paysan. C’est ainsi que, comme jamais avant, le monde rural devient la priorité majeure du nouveau (11ème) Plan, 2006-2010 – devant l’industrie, les villes et l’armée. Sous le slogan du « nouveau paysanat socialiste« ,  Wen Jiabao et le Président Hu Jintao veulent rééquilibrer et l’enrichir en lui donnant plus et prenant moins. En clair, 22 MM² sur 5 ans iront à la gratuité scolaire. 34 MM² dans l’année, aux routes, citernes, fosses à méthane, semences améliorées, vétérinaires (anti-grippe aviaire). Sous 5 ans, la Chine verte devrait avoir son réseau fruste mais fonctionnel d’hôpitaux et un embryon de sécurité sociale. En 2006, aucune province ne taxera les fermiers – les 10 MM² de manque à gagner seront remboursés aux mairies et aux provinces, pour que le paysan devienne non imposable, « pour la 1ère fois depuis 2600 ans, tournant historique ».

Wen promet de s’attaquer aux expropriations abu-sives, qui volent au paysan chaque année 200000 ha/an et 3 M d’emplois. Pour que les paysans consomment plus, se rebellent moins, et que la croissance dépende plus du marché intérieur, moins des exportations. Tout cela résonne comme un changement de cap, la fin d’une croissance tous azimuts, pour un pays ayant épuisé son potentiel de développement gaspilleur et facile ! Mais à ce grand plan rural, manque une pièce maitresse : la terre demeure publique, c’est-à-dire propriété  des cadres : le pouvoir n’a pas -encore -osé réinventer, pour les paysans, la propriété privée !

 

 

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire