A la loupe : Taiwan: face à l’Empire, Chen contre-attaque

Depuis 2000, les relations sino-taiwanaises vivent un assoupissement, qui profite au continent : l’île est aspirée économiquement, et son Président autonomiste Chen Shui-bian (DPP) lié par une série de promesses de statu quo, perd du terrain face à sa propre opinion. De plus, le Yuan législatif (son Parlement) est à majorité KMT, favorable au retour à la Chine, et l’opinion autochtone, démoralisée par la peur de tout perdre, marché et liberté, ne veut plus entendre parler d’aventure.

Or le 27/2, coup de tonnerre- au fond prévisible : «A-bian » (surnom de Chen) supprime le NUC (National Unification Council), organe chargé depuis 16 ans de négocier avec la Chine la réunification. La vision de Chen est claire : la dégringolade du DPP résulterait directement de ses concessions, d’avoir troqué son âme sans rien recevoir en échange. Pour les 2 années d’exercice qui lui restent, Chen veut tenter le tout pour le tout. Au minimum, prendre place dans l’histoire en tentant de tenir certaines de ses promessesAu mieux, pousser la Chine à l’erreur, en  lui faisant commettre des paroles ou actes rassemblant les insulaires autour de leur Président…Comme pour en rajouter, Taiwan notifiait (1/3) à l’OMC à Genève, une procédure antidumping sur les torchons chinois!

La réaction ne tarda guère. Le lendemain, Pékin dénonçait la « provocation » qui «compromettrait paix et stabilité sur le détroit …» et «conduirait l’île au désastre». On sait les pressions chinoises réitérées les années passées contre toute velléité d’indépendance taiwanaise- pressions qui culminèrent en ’05 avec la loi, oeuvre de Hu Jintao, rendant automatique l’état de guerre, en cas de séparation de jure...

Et de fait, la ruade taiwanaise a eu d’autres effets dans le monde. Australie, Corée et USA avertissent Taibei, redoutant d’avoir à le secourir. Dès le lendemain, avec un art consommé de la scène, Chen tirait une autre salve : un appel à Pékin à « parler politique » et initier enfin le dialogue. Ce que Pékin pour l’instant se garde de faire, pas avec Chen Shui-bian, en tout cas : Pékin mise pour l’instant  sur l’usure de son pouvoir et l’érosion de sa cote d’amour auprès de son opinion — rien ne presse ! 

 

 

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