Petit Peuple : Wenzhou – châtiment du ciel!

En janvier 2006, un juge de Wenzhou n’en crut pas ses oreilles: devant lui, Zhong, commerçant propret sur la 40aine, réclamait la prison pour cause de bigamie, délit réprimé par la loi ! Sommé de s’expliquer, il s’épancha.

Banale en Chine, son histoire était celle d’un homme parti au loin pour travailler. Avec Zhu, son épouse et leurs enfants, il avait émigré vers les plaines givrées du Heilongjiang pour écouler ses souliers made in Zhejiang. Vite gelée,  Zhu l’avait planté là –mais non plaqué, pour retourner vers les cieux émollients de sa province natale. Cinq ans plus tard, célibataire de facto, Zhong s’était cru permis d’agrémenter sa solitude et de reconvoler en injustes noces, oubliant de dénouer sa 1ère union, et même de signaler ce détail d’état-civil à Mme Liu, sa conquête. Quand le commerce va, tout va : le couple vivota des rentrées de leur fonds, jusqu’à ce que l’entreprise rende l’âme, rattrapée par l’impécuniosité proverbiale des acheteurs de la rustbelt du Dongbei…

En 2005, toute honte bue, Zhong  retourna sans tambours ni trompettes à Wenzhou, accompagné de Liu et du fruit de leurs amours. Lourde erreur ! Au Zhejiang plus qu’ailleurs, elle court – elle court, la rumeur! Zhu sa légitime, fut prompte à découvrir le pot au rose et l’adresse du traître. Elle le relança. Refusa toute miteuse explication. Jura de rendre sa vie un enfer, s’il ne revenait pas -Liu objecta. Durant des mois, les tigresses se battirent, aucune ne voulant ni partager, ni divorcer, ni pardonner. En octobre, Liu blessa même Zhu au cours d’une de leurs scandaleuses altercations en pleine rue et nuit. Un jour, coincé tel «Zhu Bajie en son miroir» (héros légendaire du Voyage à l’Ouest mi-homme mi-cochon qui se découvre dans un miroir, puis hors du miroir, et se déteste dans les deux cas), Zhong réalisa qu’à telle existence, il préférait mille fois la paille humide du cachot ! Hélas pour lui, le juge s’en lava les mains: sans plainte de l’une ou l’autre mégère, pas de procès possible! Zhong en fut quitte, après interrogatoire de police, pour retourner, avec l’inutile valise, à ses harpies qui l’attendaient toutes griffes dehors, à la porte du prétoire !

 

 

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