Editorial : Pékin otage du pétrole iranien ?

Entre Iran et Chine, depuis l’ère Deng Xiaoping, les relations sont frappées au coin de l’inimitié avec les Etats-Unis, et du pétrole : l’Iran est 2d producteur mondial, avec 126MM barils de réserve et 26.000 MMm3 de gaz.

La dimension stratégique et militaire y est bien lisible, avec des ventes ponctuelles d’armes chinoises et, en échange, dès 1994, l’octroi à Zhenrong (étrange filiale de la nébuleuse d’armement Norinco), du monopole de l’import pétrolier d’Iran – au grand dam des pétroliers officiels !

Zhenrong, une des 200 grandes entreprises d’Etat sous administration centrale directe, importe 14Mt de brut/an, 13,6% de sa demande extérieure. En 2004, il signait un contrat de 20MM$ sur 25 ans, pour 2,5Mt/an de GPL. L’Iran devenait ainsi le discret 2d fournisseur chinois.

Mais entre la République Populaire et celle des Ayatollahs, la coopération s’approfondissait : dès oct. 2004, peu après le contrat Zhenrong, Sinopec reprenait le contrôle et à son tour, signait une lettre d’intention  pour 100MM$ sur 25 ans, pour développer le gisement géant de Yadavaran et importer en retour 10Mt de GNL/an, et 150.000 barils/jour. Puis les choses se calmèrent, tandis que se poursuivaient en coulisses négociations et études de faisabilité : il était aussi question d’un oléoduc vers la Chine via le Kazakhstan, et d’une raffinerie chinoise en Iran.

En janvier 2006 dernier éclate la crise : le nouveau Président radical Ahmadinejad impose la reprise unilatérale de la recherche iranienne nucléaire— immédiatement accusé par Union Européenne et US de rechercher l’arme atomique. Comme la Russie, la Chine temporise. Pas question de laisser les Etats-Unis pressurer Téhéran. Tant pour défendre cette alliance, que pour garder ouvert son robinet du pétrole !

Puis le 17/2, la revue Caijing annonce la signature proche du contrat pour Sinopec. Ma Kai, patron de la SASAC (la State-Owned Assets Supervision and Administration Commission) ira signer en mars à Téhéran. Sinopec acquiert 51% de Yadavaran, secondé de l’indien ONGC (29%) et peut-être de ShellPLC

Le temps presse. Le 6/3, faute de reculade (bien improbable) de l’Iran, l’AIEA (l’Agence Internationale de l’Energie atomique) portera l’affaire au Conseil de Sécurité. Des sanctions suivront. Pékin et Moscou ne pourront s’y soustraire! En attendant, Pékin continue à oeuvrer pour que l’Iran renonce à sa course suicidaire, et pour  freiner les sanctions.

Dans cette affaire, la Chine risque d’être plus victime que gagnante -comme dans la guerre d’Irak, où la CNPC (la compagnie nationale pétrolière) perdit des milliards de US$ d’investissements !

Une mésaventure qu’elle veut  éviter cette fois, mais gageons que sur cette signature anticipée, la Chine a moins d’assurance de réussite qu’elle n’en fait montre -méthode Coué pétrolière !

 

 

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