A la loupe : Toile chinoise : les providers US tournent casaque

Aux USA, le débat éthique se poursuit, sur les fournisseurs de l’internet chinoisYahoo!, Google, Microsoft ou Cisco, accusés de complaisance avec la censure. Jusqu’alors, ils s’en tenaient au discours légaliste, et aux impératifs du jeu de la concurrence.

Mais RSF vient d’exhumer un second cas de délation d’un dissident par Yahoo! (Li Zhi, écrivain, condamné à 8 ans), et l’explosion des critiques se traduit par une énorme perte d’image pour les mammouths américains de l’internet, qui changent d’attitude.

Ils acceptent de comparaître (15/02) devant un panel «droits de l’Homme» du Congrès US, et montent au créneau pour tenter de ravaler leur façade. Microsoft desserre son verrou aux  «blogs» sur MSN : pour qu’il manie désormais en Chine les ciseaux virtuels,

[1] il faudra que l’Etat le lui demande,

[2] la donnée sera effacée du blog dans le seul pays (elle restera lisible ailleurs),

[3] «l’auteur de l’entrée sera prévenu de la sortie». Microsoft réclame aussi -tardivement !- un «vaste débat sur les principes moraux». Yahoo! exige soudain le soutien de la Maison Blanche pour la défense des libertés sur le net chinois, et Google réclame une pression politico-commerciale : la censure de l’internet chinois serait une barrière non tarifaire entravant le libre échange et justifiant une plainte à l’OMC (l’organisation mondiale du commerce)….

Sur le front de la presse écrite s’organise aussi la résistance.

Rétrogradé  (8/2), l’éditeur au Public Interest Times Chen Jieren riposte par une lettre ouverte, tout comme Li Datong, dont l’hebdo Point de gel, fermé le 24/1, peut reparaître au 1/3, décimé : Li annonce une grève de la rédaction, et son refus de publier une autocritique. On se rappelle, en décembre 2005, le limogeage du patron de Beijing News, Yang Bin, et de la grève de 100 collègues : suite à cette pression et d’autres, l’autorité est contrainte à le réintégrer sans fanfare : du jamais vu ! Enfin, 13 vieux censeurs et journalistes au plus haut niveau, comme Hu Jiwei, ex-chef du Quotidien du Peuple critiquent (2/2) la campagne répressive et avertissent des risques pour la stabilité, à bloquer l’opinion «au tournant critique du passage d’un système totalitaire vers un autre constitutionnel». Ainsi, un bloc de  presse d’opinion semble naître et faire front, face à une censure politique affaiblie et divisée.

 

 

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