— A leur tour, sous l’effet de la globalisation, les campagnes voient leur visage se modifier -sans doute à jamais : le cours du maïs s’envole, tiré par celui du pétrole ! A 1.400¥/t le 5/12 en bourse agricole de Shenyang, il craque son plafond depuis 10 ans, et monte de 20% en 2 mois. Raison : 15% de la récolte est distillée en éthanol, dont il a assuré 76% de la production l’an passé -elle était de 1Mt. Le reste étant produit à partir de sorgho ou de blé.
D’ici 2010, elle veut avoir franchi les 6Mt, les 15Mt, dix ans plus tard. Elle reste loin derrière le Brésil, n°1 mondial, qui rase son Amazone, pour distiller 17Mt en 2005.
NB : le hasard dote à point nommé les campagnes chinoises de sa première culture spéculative, dont le cours ne pourra que monter : dès aujourd’hui, la demande potentielle de l’industrie est le quintuple de ce que le paysan peut fournir, et les volumes s’envolent. Et cette hausse dictée par l’industrie, vaut pour toute la récolte !
— L’écrasante demande en cuivre de la Chine, (65% du marché mondial), et son cours actuel rendent rentable l’exploitation de ses mines au Tibet. Yulong (Kham) en détient 6,5Mt et 12% des réserves du pays.
Le site avait été découvert dès les années ’50, mais abandonné, pour cause d’altitude (4000m) et de rareté de l’oxygène. La présence d’une forêt dense de résineux, faisait aussi froncer les sourcils aux écologistes de la SEPA (State Environmental Protection Administration), qui tardèrent jusqu’à juin pour donner leur aval -lors de l’ouverture de la ligne ferrée Golmud-Lhassa. Une base-vie (avec eau, électricité, téléphone) a été montée. Au débit prévu de 150 à 200.000t de cuivre électrolytique, Yulong sera le 1er gisement du pays et le second d’Asie, après Grasberg, en Indonésie.
Ses bénéficiaires sont 4 entités territoriales et Western Mining, mine d’or privée. Quoique l’ouverture de Yulong ait érodé de 1% les cours à Londres (les stocks mondiaux sont pléthoriques, +41% en 2005, à 218.000t, du fait du tassement de l’import chinois), le consortium prétend chercher, et bientôt trouver d’autres dépôts au Tibet, tout en appelant l’étranger à investir, malgré le risque politique !
— 1er assureur-vie du pays, China Life achète au gouvernement de Canton, 32% de Southern Power Grid (CSG), le 2d distributeur d’électricité.
A 4.5MM$, c’est le record d’acquisition entre firmes du pays et il semble résultat d’un deal complexe et vaste. China Life est membre du consortium de Citigroup qui vient d’emporter la GDB, banque aux 6,4MM$ de mauvaises dettes. Canton aurait désendetté à hauteur de 3MM$ : payés… avec l’argent de China Life, contre les parts de CSG !
Et pour compenser au consortium le reste des mauvaises dettes, Canton aurait permis à l’assureur d’acheter pour 1,5MM$ de plus de parts de CSG. China Life bénéficie ainsi pour la 1ère fois de ce droit récemment ouvert aux assureurs, d’investir dans les infrastructures (cf VdlC n°33).
NB : selon toutes apparences, c’est le coup d’envoi d’un«match national à guichets fermés»: richissimes, sans concurrence, les corporations d’Etat investissent entre elles, accélérant ainsi leur expansion tout en fermant la voie à un rachat étranger. Avec China Life, CSG s’étend en Chine méridionale, mais aussi au Vietnam (cf VdlC n°38), et bientôt à travers toute l’Asie du Sud-Est.
Sommaire N° 40