Au 1er décembre, journée mondiale anti-sida, la Chine s’emmêle entre 2 discours, l’un rassurant, l’autre noir !
Rassurant : son bilan officiel de 870.000 séropositifs, a été révisé début 2006, à 650.000.
Mais Hao Yang, haut cadre de la santé, admet publiquement «190 cas nouveaux/jour ». De même, la presse annonce une hausse de 30% des cas identifiés, à 183.100. A Shenzhen, ils sont +40% et à Shanghai +70%. La plupart des cas sont dus à la drogue (surtout chez les jeunes-hommes migrants, ayant partagé des seringues), mais le sexe prend le relais:1% des prostituées sont désormais contaminées, et dans le Yunnan, 1% des femmes enceintes. Selon Hao Yang, la Chine connaît une «épidémie galopante comparable à l’Afrique» !
Le mal de la Chine est sans doute là : l’autorité ne sait pas déléguer la gestion de la lutte! Le 24/11, Wang Yanhai, le plus célèbre militant de base contre le fléau, était arrêté à Shanghai, alors qu’il préparait son symposium international sur les droits des hémophiles. Sans explications, il était relâché trois jours après – la rencontre était annulée.
Ce n’est pourtant faute de l’Etat, de multiplier ses propres actions contre le fléau. Les programmes de distribution de préservatifs, de seringues propres et de méthadone sont en pleine croissance, avec l’aide d’ONG étrangères comme Alliance (1,2M$ promis, sur 3 ans), 30.000 malades reçoivent gratuitement la trithérapie, dont les versions anciennes sont produites à bas prix en Chine.
Mais ces efforts sont oblitérés par les mentalités : les provinces truquent les statistiques (question de carrière), et les malades se cachent pour éviter l’opprobre.
Certaines personnes âgées veulent que l’on punisse homosexuels, prostituées, drogués. Les jeunes comprennent davantage. Les cadres même n’échappent pas à l’obscurantisme. Décidément, la solution passe par l’information que l’Etat, ce 1er décembre était prêt à relancer. Il acceptait la diffusion, sur CCTV, de A closer Walk, l’emblématique documentaire US du Sida. Une « marche plus proche », qui est un 1er pas vers l’indispensable transparence!
Sommaire N° 39