— Bien des éditeurs musicaux avaient lâché la Chine, faute d’espoir de profit, vu le piratage sur internet.
Mais depuis 2003, une start-up au nom évocateur de R2G («red to green») fait la police, sur le marché des sons d’appel pour les 430M de tél. portables. Il traîne les fraudeurs en justice et prend 20% sur l’amende, rendant le reste aux firmes victimes. Mis en place par Jun Wu et Scarlett Li, R2G use du logiciel Spider pour remonter aux pirates, documenter leurs catalogues, leurs téléchargements.
Pour leurs clients qui sont une cinquantaine, dont Vivendi-Universal Music et Bertelsmann- BMG Music, ils prennent ensuite contact avec le fraudeur pour négocier un accord de licence —à ce jour, ils en ont plus de 100 à leur actif. Pour les récalcitrants, ils vont en justice, et ont obtenu 6 condamnations à 6000, voire 11000$. Même Baidu, le moteur de recherche le plus visité du pays, a été épinglé, obligé de détruire des milliers de liens internet, et de faire de R2G son distributeur exclusif. Devenu propriétaire des droits de 10aines de milliers de rengaines, R2G compte 90 employés vivant de ces royalties.
NB : R2G est un exemple unique d’une réponse chinoise d’avenir, à un fléau chinois. Mais le système reste limité : Baidu (17/11) est absous par le tribunal de Pékin de toute faute contre les éditeurs musicaux mondiaux comme EMI…
— La double campagne anticorruption et anti surchauffe s’étend, dans Pékin, à l’immobilier : 300 promoteurs voient leurs livres épluchés par des équipes d’inspecteurs-comptables de trois ministères et de la CBRC (China Banking Regulatory Commission), en quête d’achats fonciers délictueux et d’évasion fiscale. Car les mesures précédentes ont été contournées – resserrement du crédit et de l’allocation des sols, normes hostiles au grand standing.
Bilan provisoire : «30 maisons ou plus» vont être punies, et Liu Zhihua, vice-maire de Pékin est en examen pour pots-de- vin. 200 agences immobilières ont dû signer une promesse de ne plus spéculer sur les prix du marché d’occasion. D’autres secteurs sont aussi visés, telle la grande distribution: après Huang Guangyu, patron de Gome et 1ère fortune privée de Chine (cf VdlC N°35), c’est à Zhang Wenzhong, patron de Wumart de devoir répondre sur les fonds qui créèrent son groupe en 1994 -Zhang vient aussi d’être «démissionné », quoique Wumart passe pour un des groupes les mieux gérés du pays, chouchou des actionnaires de Hong Kong…
— Entamée 18 mois plus tôt, une réforme de la bourse touche à sa fin: se conformant à la directive de la CSRC (China Securities Regulatory Commission), 90% des Entreprises d’Etat cotées ont émis assez de titres pour franchir la barre des 60% voire 100% de leurs actifs. Parmi les 150 firmes en retard, certaines, mourantes, vont disparaître. D’autres vont bien, tel Sinopec le pétrolier, bloqué par le rejet par les actionnaires de 3 filiales, du plan de compensation.
Même partielle, la convalescence de la Bourse change sa face: le 18/11, Shanghai atteignit son plus haut niveau depuis 2001 !
Une explication à cet optimisme, est l’ouverture prochaine d’un index des marchés à terme, nouvel instrument prometteur de gains. Mais aucun doute, le désengagement de l’Etat des firmes cotées, est un succès, après les échecs de 1999 et 2001 qui avaient vu les marchés plonger par peur d’un tsunami de titres nouveaux!
Sommaire N° 37