A la loupe : Xugong—la dernière offre de Carlyle

Le rachat de Xugong par le fonds de placement américain Carlyle ressort des limbes, apportant avec lui son lot de questions fortes. Rejeté par Pékin, suite à la plainte «patriotique» de la concurrence Sany, le deal de décembre 2005 lui aurait fait accéder à 80% de ce n°1 chinois du chariot-élévateur, pour 375M$. Carlyle révise sa copie avec 2 concessions majeures aux exigences chinoises : 50% seulement du capital repris, au prix de 228M$, soit +20% par rapport à la précédente valorisation par action.

Cette volte-face intrigue. Carlyle avait insisté pour maintenir son prix, refusant une hausse revenant à avouer une mauvaise foi initiale de sa part. Sany avait fait une contre-proposition de rachat à 30% plus cher. Finalement, Carlyle transige à 20%, et cède même le droit de nommer le Président du Conseil d’Administration. Pourquoi, alors que cette reprise étrangère, pour Xugong, semble la seule alternative à la faillite. En outre, la nouvelle offre, avalisée par la province du Jiangsu et l’assemblée du personnel, ne dit rien sur deux points essentiels du montage de l’américain : le droit de revendre la firme assainie   5 ans plus tard, et la nature du capital à investir— fonds propre, ou crédit hypothécaire.

L’humilité de Carlyle s’explique sans doute par sa volonté de sauver son contrat «mal embarqué», et peut-être par d’autres affaires en tractation.

Le Conseil d’Etat veut et doit aboutir, mais doit se prémunir des accusations d’avoir cédé (ou pire, bradé) à l’étranger un fleuron technologique. Au 08 /10, il vient de jeter les bases réglementaires.

Avec Xugong, il veut établir un précédent pour les dizaines d’autres cessions d’actifs qui se profilent, telles Chaudières de Wuhan, n° 4 national, prêtes depuis mars au rachat par Alstom, tel Supor, la cocotte minute chinoise (rachat Seb), ou les roulements à billes de Luoyang, (reprise par l’allemand Schaeffler).

Dans ce processus, la face cocardière vient s’interposer, compliquant la tâche de la SASAC (State-Owned Assets Supervision and Administration Commission). Sentiment hardiment exploité par une concurrence qui n’a rien à perdre. C’est donc le cas d’une politique du Parti qui en lèse une autre. A Pékin, à présent, de décider quel message il veut communiquer sur ce dossier, qui engage la dernière phase de sa réforme industrielle !

 

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