Temps fort : Hydrologie, la mort des grands fous projets chinois ?

En aval de Lanzhou (Gansu), le 23/10, le Fleuve Jaune se fit rouge et fétide. La pollution semblait venir d’une chaufferie urbaine, nettoyant ses tuyaux pour l’hiver. Moindre mal : pour une fois, les 20.000 usines chimiques fluviales n’étaient pas en cause, comme à Harbin (déc. 2005), avec les 100t de benzène versées dans la Songhua, et les incessantes catastrophes admises depuis.

La pollution du Fleuve Jaune est aggravée par son sous-débit, qui est celui du déficit en eau de toute la Chine du Nord. Guo Kai, hydraulicien de haut vol, propose de pomper 200MMm3/an des sources du Brahmaputra (Yarlung Zangpo), de la Salween (Nu) et du Mékong (Langcang), pour les réinjecter dans le Fleuve Jaune. Projet délirant, qui quadruplerait la capacité du canal Sud-Nord en sa version actuelle.

Or, le ministre de l’eau Wang Shusheng vient de torpiller ce projet, «inutile, non scientifique, et infaisable». Il dénonce les difficultés techniques, le coût prohibitif de l’eau à l’arrivée, et surtout l’incapacité du cours à absorber tant de ressources nouvelles, sans briser ses digues. Et ce, sans compter la fâcherie perceptible de voisins riverains tels Inde, Bengladesh, Thaïlande, Vietnam.

NB : pour le barrage des Trois Gorges en 1993, l’Etat monolithique avait imposé le projet au Parlement, malgré le vote négatif de 300 élus (record historique). Même refus de débat en 2000 pour le canal Sud-Nord. Le ministre ose à présent barrer un nouveau projet  à haut risque (rappelant l’assèchement  de la mer d’Aral dans la défunte URSS). Il le fait en public, à l’étranger (à HK), au nom de l’environnement : c’est un tournant dans les mentalités !

 

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