« La bombe n’est pas tout ! »: un cadre chinois résume ainsi la ligne officielle, après l’ explosion nucléaire nord-coréenne du 9 octobre 2006.
Alors que la Chine est en échec, avec ce test qu’elle n’a pu empêcher, mais dont elle doit supporter la critique internationale, elle n’a pas de stratégie de rechange : il est donc urgent d’attendre!
Il faut dire que le dégât est lourd : face au conflit larvé Corée-US, ayant raté ses 3 objectifs « ni bombe, ni dégradation, mais du dialogue », la Chine est critiquée, et craint de voir des millions d’affamés franchir sa frontière.
Elle se défend en rappelant que le 19 septembre 2005, au dernier sommet, suite à son initiative diplomatique, les six pays avaient trouvé un accord- que les US dynamitaient peu après, par de nouvelles sanctions contre Pyongyang, pour fausse monnaie…
Aussi le lest qu’elle lâche en s’associant aux sanctions, est fait plus pour frapper l’opinion que la Corée, et suit le mot d’ordre du Président Hu Jintao: « sanctions oui, escalade non!».A cette frontière où rien n’avait changé en 50 ans, un mur de 4m vient d’apparaître, mais sur quelques km, et en simple grillage.
A Dandong, camions, trains et navires sont « inspectés », mais non fouillés, tandis que les transferts en devises sont gelés mais non annulés. Pékin craint sur tous les fronts : d’apparaître otage de l’action des US «gendarmes du monde», dans un blocus de son voisin, et de causer la chute du régime, voire un 2d test nucléaire nord coréen, provocation désespérée qui exacerberait un risque de conflit. Aussi, «plus qu’une punition, dit un expert, nous faisons connaître notre sentiment aux voisins du nord ». Qu’on ne s’y trompe pas : sa colère est réelle, sa patience à bout !
Entretemps, les visites vont bon train. Condoleeza Rice, envoyée spéciale du Président Bush à Pékin le 20/10, tentait de convaincre la Chine d’augmenter la pression sur le régime de Kim Jong-il, tablant sur l’hiver rude et ses greniers vides. Annulé puis démenti, un Sommet des cinq pays concernés se prépare probablement. Enfin Tang Jiaxuan, l’envoyé spécial du Président Hu était (18/10) à Pyongyang, apportant le conseil très ferme d’arrêter tout autre test en préparation. ‘
Ainsi la Chine s’accroche-t-elle à l’action qui lui coûte le moins : faire le dos rond aux va-t-en-guerre, manier les arguments lénifiants pour restaurer la confiance entre Chine et USA, et les ramener au tapis vert ! Cette stratégie, le pouvoir l’appelle d’un dicton antique : « faire le précepteur du prince » (pei taizi dushu, 陪太子读书 )- en douceur, forcer l’enfant gâté à réfléchir !
Sommaire N° 33