— Projetés dès 2003, par la province du Yunnan et Huaneng l’électricien pékinois, les 13 barrages sur la rivière Nu (Salween) aurait impliqué des investissements en dizaines de MM$, et permis d’exploiter de fabuleuses mines nouvelles, 74MM$ de richesses à extraire du sous-sol.
Mais s’agissant du dernier écosystème vierge d’Asie du Sud-Est, la SEPA (State Environmental Protection Administration)
s’était interposée et le 1er ministre Wen Jiabao avait gelé le projet en février 2004, «le temps d’une révision». Seuls certains barrages seraient bâtis, sur les sites les moins dévastateurs.
Le Yunnan avait donc son feu vert, à un détail près: Nu, Yangtzé et Mékong suivaient des cours parallèles, sur un site classé par l’UNESCO patrimoine de l’humanité. Or, même après révision pékinoise, la zone protégée perdait 20% de son espace. Après visite en avril, puis cet été, l’UNESCO a donné au Yunnan jusqu’à février 2007 pour renoncer, ou bien voir la zone reclassée «en danger». Craignant l’anti-publicité, la mort dans l’âme, Kunming se dit prêt à céder, et tout abandonner—quitte à se rattraper sur le nombre de ses barrages sur le Mékong—autre pomme de discorde avec l’étranger !
— Après 30 ans de planning familial, une simple annonce dans la presse (16/10) chuchote ce qui semble devoir se révéler comme un grand tournant dans la politique démographique.
Dès janvier 2007, Pékin offrira aux couples sexagénaires, n’ayant engendré pas plus d’1 garçon ou 2 filles, une prime de 60²/an, soit 20% du revenu fermier moyen. Il s’agit donc d’une retraite conditionnelle, qui doit compenser le paysan pour le soutien dont il se prive pour ses vieux jours.
L’Etat en espère deux autres virages sociétaux : enrayer l’exode rural, et combattre l’avortement sélectif qui en 2006 prive 60M de Chinois d’épouse. La prime coûtera tout d’abord 100 à 300M²/an, beaucoup plus ensuite. Mais comment empêcher les cadres locaux de détourner les fonds? Et assurer le maintien de cette prime à long terme? Inconnues dont dépend la confiance des paysans, dans cette incitation à ne pas concevoir !
— Dernière visite présidentielle en Chine pour Jacques Chirac du 25 au 28 octobre.
Au programme : Pékin, Wuhan (fief de PSA), Xi’an en visite « semi-privée ». Le chef de l’Etat devrait à nouveau endosser sa casquette de commis voyageur de la République, pour des contrats à la clé (Alstom? Areva ?TGV, centrales nucléaires?). Un investissement spécial, cher au Président français verra le jour : en joint venture locale, une antenne du Centre Pompidou à Shanghai.
Sommaire N° 33