A la loupe : Pékin et Tokyo : glace brisée, pas fondue !

Adoubé depuis 2 semaines, Shinzo Abe dédia à Pékin sa 1ère visite de 1er ministre, manière de montrer la plus haute priorité politique de son mandat (la réconciliation avec la Chine)  -et sa souplesse manoeuvrière.

Abe passe en effet pour un dur nationaliste. Ce qui ne l’empêche d’accorder à Hu Jintao, Wen Jiabao et Wu Bangguo, une visite avant celle à la Maison Blanche, et de rétablir un dialogue éteint depuis 2001.

La Chine a facilité la tâche en évitant d’exiger tout engagement sur Yasukuni, le sujet qui fâche. Sans doute par réalisme, admettant sa dépendance technologique et financière vis-à-vis du Soleil Levant.

Sur place, Abe a fait son mea culpa au titre des souffrances infligées par « l’agression coloniale japonaise ». Rien de nouveau, mais le geste a plu. Il a permis de faire le point avec ses hôtes sur la question nord-coréenne : d’envisager pour Pyongyang des carottes et des bâtons en commun.

Il a aussi permis d’arracher au silence, la masse des Chinois amis du Japon, qui émettent après la visite, de timides bravos sur internet—prouvant ainsi qu’ils existent.

Les industriels expriment leur soulagement, et sourient, aux 200MM$ de business bilatéral en 2006 (+12%), aux perspectives radieuses entre leurs pays 1er et 2d partenaires commerciaux respectifs. Telle la demande locale en coopération entre PME environnementales, dotée d’ici 2010, de 500MM$ en fonds publics.

Signe des temps : le 9/10, ils étaient 500 cadres politiques et patrons des deux rivages à se réunir pour le 11ème Symposium économique sino-japonais, à Changxing (Zhejiang).

Enfin, cet état de grâce reste tributaire du « flou constructif » introduit par Abe : la glace est brisée, mais non fondue. Qu’Abe cesse de visiter Yasukuni, et sa base cocardière aura besoin d’explications. Qu’il s’y rende, et toute l’Asie s’indigne. Le risque est réel, Abe ayant contesté, par le passé, que les 23 officiels fascistes gisant au sanctuaire soient des «criminels de guerre» en droit nippon -leur verdict ayant été rendu en 1948 par une cour internationale. Un homme à multiples facettes donc, et capable de bien d’autres surprises à l’avenir !

 

 

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