Vu le passé mal vécu entre Chine et Japon, et leurs rivalités, aucun observateur ne donnait la moindre chance à l’arrivée de Shinzo Abe comme 1er ministre, pour dérider l’atmosphère (cf VdlC n°30). Or, surprise, les signes de main tendue se multiplient.
Renonçant à ses critiques, la presse chinoise titre : « les portes chinoises de la paix sont ouvertes à Abe » – Wu Yi, la vice 1ère ministre ne cache pas ses espoirs. Abe accumule les lâchers de colombes, promettant de «réparer les liens», et se déclarant prêt à rencontrer dès octobre son alter ego Wen Jiabao ou le Président Hu. Abe s’est aussi gardé de toute allusion à Yasukuni, le sanctuaire qui fâche.
Pour autant, il conserve son image nationaliste, et s’est entouré, dans son cabinet, de faucons anti-chinois, tel Nakagawa, n°2 de son parti PLD (Parti Démocratique Libéral), voire Taro Aso, ancien du gouvernement Koizumi, qu’il reconduit ministre des affaires étrangères.
Mais ça marche : installer des « durs » à ses côtés, donne le signal. Le nouveau patron du Soleil Levant veut bien faire des concessions, mais pas dans la faiblesse et l’opinion le crédite de 67% de confian-ce, lui donnant les moyens de négocier. Petit signe, un 1er meeting entre Shotaro Yachi et Dai Bing-guo, vice ministres des 2 pays , le 23/09, s’est bien passé, dans une prudence polie -c’est un début !
L’avis du VdlC : Le duo Pékin-Tokyo est complexe. Tous deux visent le leadership régional, la Chine en tant qu’ «ancêtre ayant-droit » (au nom des 30% du PIB mondial qu’elle assurait au début du XIX.s. ), le Japon comme «surdoué, n°2 du commerce mondial». Pour raison de face, en 60 ans, Tokyo n’a pas su présenter une repentance à la hauteur de ses crimes d’autrefois. Pékin exploite cette faiblesse pour bloquer à Tokyo la voie du Conseil de sécurité de l’ONU. Véritables provocations, les visites à répétition de Koizumi au sanctuaire de Yasukuni ont multiplié les contentieux. A présent, les deux gouvernements ont conscience que leur extraordinaire complémentarité économique, ne les dispense pas de créer aussi un dialogue politique —à commencer par une vision commune de leur passé commun !
Sommaire N° 31