— Le 8/09 à Xiamen (Fujian), en marge du Forum International d’investissement, Wu Yi, la vice-première ministre dévoile la dernière ambition du ministère du commerce : créer sous 3 à 5 ans, avec 12.5M$ de budget initial, 10 filières logistiques pour la sous-traitance (outsourcing) de services.
Pékin sait l’importance stratégique de ce nouveau marché mondial —1000MM$ de contrats à prendre d’ici 2008, en délocalisation en ligne de traitement de dossiers d’assurance, de SAV, de services informatiques… La Chine est bien consciente de son retard sur ce marché dont elle ne détient que 2MM$. De ce plan, il attend la naissance de 1000 firmes de sous-traitance internationale (dont 100 à Shanghai), et le transfert de centres de service de 100 multinationales. Faute de détails sur l’opération, il est difficile d’évaluer ses chances de succès, vu les carences d’une école chinoise axée sur la mémorisation plus que l’autonomie créative. Pas forcément plus audacieuse en pédagogie, l’Inde dispose ici d’un atout précieux: sa langue anglaise !
— Après 12 mois d’hésitations, New Delhi a tranché: sécurité nationale oblige, pas d’investissements chinois en Inde dans les secteurs portuaire. 1ère victime, le Hongkongais Hutchison Port Holdings (n°1 mondial de gestion portuaire, du magnat Li Ka-shing) ne pourra pas investir 258M$ en terminaux nouveaux aux ports de Mumbai (Bombay) et Chennai (Madras). Ce feu rouge signifie que 5 ans de rapprochement n’ont pas endormi de profondes méfiances. L’Inde contredit ainsi son propre plan d’attirer 13MM$ dans 13 de ses ports. Deux autres compagnies chinoises perdent leur projet d’investissement dans des ports indiens : Kaidi Electric et Chinese Harbor Engineering. Tout comme, dans les télécoms, Huawei et ZTE.
Ce rejet frileux rappelle celui d’un autre voisin géant : la Russie, qui en 2003, refusa de louer à Pékin pour 49 ans les ports pacifiques de Zarubino et Posyet, et retarde aujourd’hui l’investissement chinois dans son pétrole, tout en l’ouvrant à d’autres pays.
NB : Une raison à cette crispation indienne, peut tenir à l’investissement chinois dans le port stratégique de Gwadar au Pakistan, qui risque d’ouvrir à la Chine, la façade maritime occidentale de l’Inde !
— La « guerre des carnets de chèques » fait rage entre Taipei et Pékin, après le « retournement » du Tchad par la Chine en juillet.
En Zambie, en juillet aussi, un conflit de travail avait été réprimé par les armes à la mine de cuivre de Chambishi, propriété chinoise : d’ou une bouffée de colère à un moment malheureux, à la veille du scrutin présidentiel du 24/9.
Or justement, un candidat de l’opposition, Michael Sata aurait touché de Taiwan les fonds pour sa campagne, et critique la Chine, promettant en cas de victoire le changement d’ambassade. Le pouvoir local corrompu s’indigne du mauvais coup porté à l’intérêt national. Du coup, ingérence rarissime, l’ambassadeur chinois annonça la suspension des investissements de son pays (à ce jour, 300M$), suggérant leur retrait si le vote tombait dans le mauvais sens. Dans la presse zambienne, sa prestation passe mal—Pékin s’en est d’ailleurs distanciée. Mais sur le fond, elle exprime le poids que prend la Chine en Afrique comme investisseur massif !
Sommaire N° 28