Editorial : La Chine à Helsinki, sous la moiteur de l’été indien

Les 25 chefs de l’Union Européenne investirent sur l’avenir à Helsinki, ce 9/09, avec leur pair Wen Jiabao, lors du 6ème Sommet euro-chinois. Ils jetèrent les bases d’un accord intégral de partenariat, qui offrira aux deux partenaires un cadre unique de relations avec des instruments puissants de coopérations en matière monétaire, d’éducation, de santé, de transport etc. Les négociations pour cet accord-cadre commencent : elles dureront  des années.

Mais en même temps, les tentatives pour ranimer les négociations de l’OMC (l’Organisation mondiale du commerce), ronde de Doha sont définitivement mortes. Probablement suite au refus poli de Pékin, de sortir enfin (à son tour) des concessions commerciales. Après le sommet, le Président de la Commission Manuel Barroso en tirait les conséquences en annonçant dès 2007 des négociations régionales de libre échange avec la Corée, l’Inde, les pays d’Asie du Sud-Est, voire la Chine – mais ce dernier accord arrivera après l’accord-cadre, qui sera moins préférentiel, et en retrait…

Pour le reste, le sommet d’Helsinki fut celui de confrontations étouffées et de compromis peu fertiles :

Pour avoir l’aval de Wen à l’accord-cadre, les Européens acceptèrent de « découpler partiellement » le commerce de la question des Droits de l’Homme—à la grande déception des lobbies humanitaires.

A propos de la Corée du Nord, les partenaires exprimèrent une « inquiétude » qui ne les engageait pas à grand chose.

A l’Iran, ils demandèrent de respecter la résolution de l’ONU contre la course à la bombe atomique, mais Wen spécifia son désaccord à toute sanction.

La Chine réclama en vain la fin de l’embargo sur les ventes d’armes européennes : refus de Londres et Berlin.

Enfin à la demande chinoise de son statut d’« économie de marché », ce fut « non » : la Chine « ne remplissant qu’un critère sur cinq »…

Au fond, Helsinki apparut frappé de lassitude, comme un creux dans la relation. La Chine, en 2006, investit moins dans l’Union Européenne, déçue qu’elle est, de l’échec de la constitution européenne, ou des dernières manifestations en France. Les litiges en cours n’arrangent rien, tels les droits anti-dumping sur la chaussure chinoise, qui pourraient être bientôt prolongés quelques années.

Tandis que l’Europe, industrielle et politique, s’amollit aux charmes d’une nouvelle sirène—l’Inde! Rien de tout cela n’est bien grave, ni irréversible —  mais Helsinki  ne restera pas comme un grand sommet dans les annales !

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire