Editorial : Vol au-dessus du nid de la jeunesse chinoise !

Les 400 M de jeunes Chinois ont l’incroyable chance historique, d’être la 1ère génération en paix, après des siècles de guerres civiles, d’invasion et de violences. Ils peuvent enfin s’éduquer, s’enrichir, et espérer voir le pays reprendre sous 20 ans, le 1er rang commercial qu’il avait deux siècles avant. Mais ces succès se paient.

En matière de santé, au sortir des études, à force de s’être tués au travail, ces jeunes sont au monde les plus stressés (51%) et déprimés (32%). L’autoritarisme n’est pas bon climat pour l’échange et l’épanouissement : sous toutes ces tendances, la jeunesse conformiste et matérialiste cherche sa synthèse, l’image du pays demain !

On se souvient des émeutes des 15-20 juin à Shenda, école de commerce de Zhengzhou (Henan). Elles exprimaient avant tout l’angoisse de trouver du travail, alors qu’en 2006, 60% des diplômés peinent à être embauchés.  Avec une croissance de 10% par an, la société ne devrait normalement pas avoir de mal à employer ces jeunes éduqués. Le problème tient à l’accélération folle des créations de places en universités, quadruplées à 4M/an depuis 2000. Un tel effort n’a pas permis de moderniser la pédagogie, réviser les matières, suivre le marché.

C’est pourquoi cette année, sur ordre du gouvernement, les places furent ramenées à 2,6M. C’est aussi pourquoi tant de jeunes poursuivent leurs études : sur 3M de diplômés par an,  500.000 restent en doctorat!

Par contre, les 115M de jeunes de 16 à 24 ans sans diplôme, n’ont eux, aucun mal à travailler (17% de la population active). Mais leur moral est bas. Ils sont employés en deçà de leurs compétences, mal payés, sans sécurité sociale ni retraite : le patron privé, employeur de 70% de cette jeunesse, ne paie pas les charges et contourne la loi.

Presque tous rêvent d’une place dans le   secteur public. Mais les administrations  dégraissent, et les 300.000 Entreprises d’Etat stagnent ou régressent. Aussi pour un emploi offert, 100 postulent : l’Etat n’emploie plus !

Une catégorie à part est celle des 10 à 20M/an de jeunes paysans qui montent en ville.

Rares parmi eux y ont des relations (famille, PCC) et sont recrutés en restaurants ou  magasins, à 80²/mois. Le bas de l’échelle, est le groupe des paysans venus sans aide, avec leur baluchon. Ils s’y font maçons pour 50²/mois – quand ils les touchent, car les retards de paiement sont notoires, voire les fuites du patron avec la caisse. Sans permis de résidence, ces jeunes ne peuvent se marier ni s’établir Ils sont plus mal traités dans leur pays que leurs collègues envoyés en Europe, et sont les sacrifiés de cette richesse réservée aux riches, à la côte, et aux villes !

 

 

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