Au 2/2, 13 vieux censeurs/journalistes du plus haut niveau, tel Hu Jiwei, ex-chef du Quotidien du Peuple prenaient une mesure rare, pour soulager leur conscience peut-être. Ils avertissaient le département de la publicité des risques de l’actuelle recrudescence de la censure, «sur la stabilité de la société, en l’étape critique de son passage d’un système totalitaire vers un constitutionnel».
Depuis, sanctions et verdicts contre journalistes et titres, blogueurs et sites internet s’intensifient.
Le 24/6, le Conseil d’Etat annonce le dépôt devant l’ANP – le Parlement chinois- d’un projet de loi de punition de l’information sur les catastrophes: toute nouvelle illicite sera passible de 5.000 à 10.000² d’amende, dissuasive pour la plupart des medias.
La raison du projet se devine : la Chine voit s’accélérer les catastrophes, dues à une montée en puissance industrielle, minière ou avicole non précédée de prévention écologique. Elle assiste aussi à la montée en courage des medias et citoyens, illustrée par l’aveu de huit médecins (23/6) devant une revue médicale US : une victime déclarée du SRAS en 2003, l’était en fait du virus H5N1 !
Pour l’heure, la Chine ne peut pas éviter l’effet des dérèglements -elle sait au contraire qu’ils vont s’intensifier. En attendant de maîtriser la situation, elle n’a qu’une alternative, réflexe du passé : couper le haut-parleur !
La vraie question est : peut-elle réaliser ce plan? Déjà Zhan Jiang, professeur de journalisme, « espère » que l’ANP bloquera le projet. En 48h, des voix s’élèvent, de l’ANP, de la presse et de l’université : levée de boucliers qui n’existait pas 5 ans plus tôt. L’Etat veut assumer seul la sécurité. Les temps changent, l’aiguillent malgré lui vers un dialogue, voire un partage avec les corps constitués !
Sommaire N° 24