Ce mois de juin, la capitale chinoise a raté de 11 jours, son objectif de « ciel bleu ».
La mairie s’est donné cette unité de mesure, dans l’espoir d’obtenir le beau temps pour ses Jeux Olympiques de 2008. Aussi la Chine entière s’inquiète de ce bilan négatif, causé en partie par ces millions de petits paysans, tout autour de la ville, qui brûlent les chaumes de leurs champs avant les semailles d’été : c’est le pire juin, pour Pékin, depuis six ans !
D’autant que cette pollution n’est pas la seule: en 2006, Pékin n’aura pas 200 jours de ciel dégagé -il en espérait pourtant 236. Il y a les échappements des 2,6 M de voitures (mille de plus par jour), désormais responsables de 79% de la pollution aérienne chinoise. Il y a les milliers de chantiers poussiéreux, et les blizzards sibériens de mars qui déposèrent un matin sur Pékin, 300.000 tonnes de sable du désert du Gobi. Le phénomène est naturel, mais aggravé par la surpopulation rurale et le désastre d’un élevage excessif de moutons qui détruisent la prairie mongole….
Contre cette poussière, la Chine a un truc : les pluies artificielles.
Depuis 1958, où Pékin fit ses premières expériences, inspirées d’un programme similaire aux Etats-Unis, la Chine s’est dotée d’un parc couvrant l’ensemble du territoire – 23 des 24 provinces ont leur « bureau de modification climatique ». Leurs 3.000 petits soldats de pluie manient 7.000 canons de DCA et 4.687 mortiers, et disposent de quelques dizaines de vieux coucous, biplans entoilés cédés par l’armée. Par cette technique, l’office météo affirme avoir éteint, fin mai, deux incendies de forêt qui faisaient rage dans le Nord-Est. Il dit aussi avoir fait pleuvoir, de 2001 à 2004, 210 milliards de m3 sur 3 millions de m² (un tiers du territoire), « assez », précise t’il, « pour alimenter quatre Fleuve Jaune ». Le problème, ici, est que la plupart de l’eau de ces pluies trop fines ne touche jamais le sol des villes, étant évaporée en l’air par la réflexion des rayonnements solaires sur le béton. Ces pluies artificielles ne peuvent améliorer que de 10 à 15% au maximum la donne naturelle, selon les savants chinois. Pire, depuis que Pékin s’est lancé dans cette insémination pluviale à étape forcée, le Hebei, tout autour d’elle, se plaint d’avoir encore moins de pluie qu’elle : ses pluies ont reculé de 68% cette année, contre 63% à la capitale! Pour tout dire, les experts chinois et mondiaux en sont toujours à se demander si l’insémination sert – si ces maigres pluies ne seraient pas tombées de toute manière. C’est pour cela que les USA ont abandonné leur propre programme, 50 ans en arrière…
N’empêche : Le pouvoir socialiste, avec ses ambitions scientifiques et techniques inassouvies, rêve de vaincre la nature. Et il n’a rien à perdre – la Chine du Nord dispose de huit fois moins d’eau que le reste du monde, en moyenne. Sous cet angle, quelle belle démonstration de volontarisme ! La Chine détient ici un record mondial supplémentaire, celui de la pluie artificielle. Et pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, elle nous réserve une ultime surprise : en dosant plus légèrement ses pétards et fusées, elle dissipe les nuages au lieu de les crever. Pour l’an 2008, son but est d’obtenir 292 jours de ciel d’azur sur Pékin : il y a du pain sur la planche !
Piratage : le compte à rebours enclenché!
En 2003 la MPA, l’association US du 7ème art, estimait ses pertes en Chine à 178M$.
En 2005, elle révise le préjudice à 2,7MM$ : 93% des films n’y paient pas les droits! Ce n’est pas Hollywood qui perd le plus mais les maisons de production locales, alors que les entrées en salle n’ont augmenté que de 30% en 2005, contre 48% en 2004! Le piratage se répartit entre téléchargement (1MM$) et disques (1,7MM$).
D’autre part, on le sait, la copie en Chine n’a pas de limite. Sur 111 plaintes en 2005 aux USA, 42 accusent la Chine, et 69% des biens piratés saisis aux frontières sont chinois (contre 60% en Europe). On copie bien sûr les sacs Vuitton, mais aussi les pièces auto et la voiture entière, mais aussi les médicaments -cf l’affaire Viagra- ou les nouvelles semences, blé, maïs ou coton transgénique. Avant même de s’implanter en Chine, la marque de cosmétiques l‘Occitane était plusieurs fois contrefaite! Comme dans l’audiovisuel, le piratage industriel a pour 1ères victimes les firmes chinoises aux produits de qualité, ayant investi dans la recherche, et qui voient s’échapper la chance d’imposer leur image.
Cependant la pression de et sur Pékin s’accroît. Début mai, 21 marques (Vuitton, Pumas …) recrutaient un cabinet d’avocats américain pour les défendre en Chine ! Le pouvoir multiplie les actions: exposition nationale de produits contrefaits et « mur de la honte » frappent les firmes coupables et les cadres complaisants.
3.567 procès se tinrent l’an passé (5530 verdicts), +29%! Pour l’instant, les résultats restent peu probants : pour 2005, 41% des firmes US estiment que le piratage chinois a empiré et 55% rapportent un préjudice. Mais la tendance ne laisse aucun doute : les autorités américaines et européennes expriment une « tolérance zéro » depuis la fin de la phase de transition de l’entrée à l’OMC. « La pression internationale est arrivée 5 à 10 ans plus tôt que prévu », reconnaît un haut cadre chinois, inquiet.
NB : Autant dire que deux locomotives folles font vapeur l’une vers l’autre, le piratage qui monte en puissance, tout comme la résistance des légitimes propriétaires. « Si la Chine, dit l’universitaire Wu Handong, n’adopte pas de nouveaux standards de lutte, elle s’exclura elle-même de la communauté internationale ! »
La revanche de la petite reine !
Depuis les années 1980, le vélo chinois descend en enfer. En 1976, le pays abritait 500M de deux-roues, et toutes les artères comptaient une piste cyclable. Or, en quelques années, beaucoup de ces pistes furent recyclées au profit des autos. Aujourd’hui, les vélos ne seraient plus que 350M.
La mutation était voulue des Chinois eux-mêmes, pour qui la voiture symbolise la réussite. Les vélos disparaissaient aussi volés – délit peu poursuivi- et surtout, à cause du danger. Faute d’investissements spécifiques par les mairies (signalisation, ponts et tunnels), 220.000 piétons et cyclistes meurent chaque année sous des pare-chocs. Enfin la modernisation était découragée : les mairies tentaient d’interdire le vélo électrique, pourtant aussi bénéfique que populaire (7M et 20% des ventes en 2005)! Cette évolution se produisait, sans que le pouvoir ne communique -avec son aval.
Or le 14/6, ce silence vient d’être rompu par Qiu Baoxing, Ministre de la construction : lors de la 1ère conférence nationale de l’urbanisme, il annonçait que le vélo serait de nouveau protégé, et son usage encouragé, et qu’ordres ont été donnés aux villes pour rétablir les pistes cyclables. Raisons :
[1] d’ici 2020, le parc auto aura quintuplé à 130M. Le seuil de l’intolérable approche, sous l’angle des embouteillages et de la pollution.
[2] Le vélo est le support de nombreux petits métiers,
[3] il ne consomme pas de pétrole, mais
[4] tient une vitesse moyenne supérieure à la voiture (15km/h contre 8km/h).
[5] Il entretient la santé.
NB : la Chine redécouvre un patrimoine lé-gué par Mao, que le monde lui enviait mais qu’elle a détruit : les phénomènes d’environnement, de santé physique et mentale commencent à être pris en compte. L’avertissement de Qiu Baoxing est un tournant. Les mairies ne suivront pas tout de suite, mais un signal est donné !
Sommaire N° 24